La mise en œuvre de Programmes économiques et financiers (Pef), ont permis à la Côte d’Ivoire d’enregistrer un certain nombre d’acquis. En effet, en l’espace d’une dizaine d’années, l’économie ivoirienne a été redressée au prix de nombreux efforts.
Le lancement le 15 septembre 2020 dernier des septième et huitième revues combinées pour l’évaluation du Pef soutenu par la Facilité élargie de crédit (Fec) et le Mécanisme élargi de crédit (Medc), pour la période 2016-2020 a été l’occasion de dévoiler ces résultats. La Côte d’Ivoire, grâce à la mise en œuvre de ces différents programmes est parvenue à améliorer son climat des affaires et sa gouvernance ; créer les marges de manœuvre budgétaires nécessaires à l’investissement public ; assurer la soutenabilité des finances publiques et de la dette ; améliorer la performance des administrations fiscales et douanières, avec la modernisation desdites administrations ; rationaliser les exonérations fiscales avec la suppression et le non renouvellement de certaines exonérations échues autres que celles liées aux secteurs sociaux ; améliorer la situation financière et la trésorerie de la Société ivoirienne de raffinage (Sir) avec la restructuration de sa dette ; restaurer l'équilibre financier et améliorer la trésorerie du secteur électricité via la réduction des coûts de production, l'apurement des arriérés dus aux producteurs indépendants d’électricité, le recouvrement des créances sur les démembrements de l'Etat ; et mettre en œuvre des plans de restructuration des banques publiques (Bni, Cnce, Versus Bank, Bhci...).
Toute chose qui permet aux dirigeants de la Côte d’Ivoire de dire que l’économie ivoirienne fait partie des plus dynamiques au monde, avec notamment un taux de croissance annuel moyen de plus de 7% entre 2015-2019. Une performance qui résulte, apprend-t-on, aussi bien de la bonne exécution des Plans nationaux de développement (Pnd) que de l’appui du Programme économique et financier conclu avec le Fmi.
Malheureusement, l’on constate que outre l’impact de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du Coronavirus (Covid-19), qui a des répercussions sur toutes les économies, dont celle de la Côte d’Ivoire et qui oblige à recadrer les projections et bien d’autres aspects de la gestion économique et sociale, la Côte d’Ivoire fait face à des perturbations à la veille des élections présidentielles d’octobre 2020. En clair, si rien n’est fait pour calmer les esprits, ce sont d’importants risques socio-économiques auxquels est exposée la Côte d’Ivoire. En effet, une éventuelle crise socio-politique portera, à coup sûr, un coup dur aux acteurs économiques, aux bailleurs de fonds, aux investisseurs, aux partenaires économiques de la Côte d'Ivoire.
Plus grave, l’émergence économique à laquelle aspire la Côte d’Ivoire ne sera plus qu’une vue de l’esprit. Les nombreuses opportunités d’affaires en vue d’attirer de nouveaux investisseurs seront mises à mal. La signature de la Côte d’Ivoire ne sera plus crédible et elle ne pourra donc plus recourir aux places financières internationales, afin d’obtenir des ressources devant venir en appui au financement du budget de l’Etat et notamment au Plan national de développement (PND) 2020-2025. La Côte d’Ivoire perdra la confiance de la communauté financière internationale. Qui voudra prêter à un pays en pleine crise ? Les opérations de levée de fonds sur le marché sous-régional et international seront mises à mal. Alors que, qui dit absence de levée de fonds, dit manque de ressources et partant difficultés de financement du Programme social du Gouvernement (Ps Gouv), et donc bonjour la pauvreté et la misère de la population.
La seule solution pour éviter d’arriver à une telle situation, c’est donc de privilégier la paix. Car, il est facile de détruire, et difficile de reconstruire.
Irène BATH
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