Côte d’Ivoire/crise: les confrontations victimes-bourreaux remises à la semaine prochaine

  • 03/09/2014
  • Source : AFP
Les audiences publiques devant confronter bourreaux et victimes de deux décennies de crise politique en Côte d’Ivoire ont été reportées une deuxième fois et débuteront lundi prochain à Abidjan, a rapporté mercredi le quotidien public Fraternité matin.

En charge du processus, la Commission justice, vérité et réconciliation (CDVR), très critiquée pour sa désorganisation, avait déjà annoncé l’ouverture des auditions pour lundi puis ce mercredi.
 
Contactée à plusieurs reprises par l’AFP, la commission n’a pas voulu s’exprimer.
Ce nouveau report illustre les difficultés de la CDVR à mener à bien sa mission depuis sa création il y a trois ans. La commission n’a jamais réussi à s’imposer au coeur du jeu politique ivoirien.
 
Ces auditions, qualifiées de cruciales pour la réconciliation nationale, sont organisées à la dernière minute: le mandat de la CDVR, déjà prolongé d’un an, s’achève le 28 septembre prochain.
 
« Les audiences se feront à huis-clos, à l’issue desquelles un point-presse sera organisé », affirme Fraternité-matin, la Commission n’ayant pas voulu suivre l’exemple de l’Afrique du sud, où elles étaient retransmises en direct à la télévision et à la radio.
 
Créée en 2011, la CDVR, qui s’inspire du modèle sud-africain, devait être un pilier de la pacification des esprits dans un pays ayant connu une longue crise politico-militaire marquée par une décennie de partition de son territoire.
 
Ses dirigeants ont choisi de couvrir la période 1990-2011, et pas seulement la crise postélectorale de 2010-2011, qui en fut son épilogue le plus sanglant avec plus de 3.000 morts en moins de cinq mois.
 
La Côte d’Ivoire, désorientée par la mort en 1993 du « père » de son indépendance, Félix Houphouët-Boigny, a connu sept années de tâtonnement jusqu’au renversement du président Henri Konan Bédié par un coup d’Etat le jour de Noël 1999.
 
L’élection en octobre 2000 de son successeur Laurent Gbagbo fut marquée par la découverte d’un premier charnier. Les violences se poursuivirent les dix années suivantes. La Côte d’Ivoire s’est même retrouvée coupée en deux après une tentative de putsch à l’automne 2002, seul le Sud du pays demeurant sous contrôle de l’Etat.
 
En 1995, le dispositif mis en place par Nelson Mandela avait permis aux victimes de l’apartheid de pardonner à leurs bourreaux, quand ceux-ci reconnaissaient leurs crimes à haute voix.
 
Cette justice, qui n’était pas rendue dans des tribunaux mais dans des gymnases et des écoles, est considérée comme l’un des principaux facteurs ayant évité une implosion de l’Afrique du sud.
AFP