Ouverte samedi pour sept jours, la campagne référendaire en vue du vote sur la nouvelle Constitution prévue le 30 octobre en Côte d'Ivoire bat son plein dans un climat apaisé.
Dans la capitale économique ivoirienne Abidjan, des affiches appelant à voter "oui" sont visibles sur les grandes artères et le président Alassane Ouattara lui-même est en première ligne sur le terrain pour appeler les populations à aller voter massivement pour le texte dont il est l'initiateur.
Lundi, dans la capitale politique et administrative Yamoussoukro (230 km d'Abidjan), le président ivoirien est allé à la rencontre des rois et chefs traditionnels.Il a expliqué aux "garants" des us et coutumes que l'esprit de la nouvelle Constitution est d'assurer et de garantir la paix et la stabilité du pays, l'égalité pour tous les citoyens, la modernité et le développement pour le bien-être de tous.
Pour Alassane Ouattara, la nouvelle Constitution s'inscrit dans le droit fil de son engagement pris lors de l'élection présidentielle de 2015 de bâtir une "Côte d'Ivoire nouvelle, une nation forte, un pays stable et moderne, dont les institutions concourent à la croissance économique et au progrès social". De même qu'il jette les bases de cette Côte d'Ivoire nouvelle en lui donnant l'occasion de "tourner définitivement la page des crises successives" que le pays a connues et de "sceller un nouveau pacte social".
Jeudi à Bouaké (centre, 320 km d'Abidjan), Alassane Ouattara animera un meeting de mobilisation pour le référendum constitutionnel.
M. Ouattara était au front samedi à Abidjan au lancement de la campagne pour les partis membres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir).
Des délégations de la coalition conduites par des ministres, des députés ou des responsables des partis composant le RHDP sont sur le terrain et battent campagne pour le "oui".
L'OPPOSITION POUR UN RETRAIT DU TEXTE
En face, l'opposition réunie au sein du "Front du refus" et de la "Coalition du Non" et des organisations de la société civile militent pour un "retrait pur et simple" du texte de la nouvelle Constitution jugée "inique, cynique" et "non consensuelle".
L'opposition a ouvert sa campagne samedi par un meeting à Yopougon, vaste commune populaire abidjanaise favorable à l'ex-président Laurent Gbagbo, en procès devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité lors de la crise post-électorale de 2010 qui a fait au moins 3.000 morts.
Des banderoles et pancartes avec des messages hostiles au régime et à la nouvelle Constitution côtoyaient des affiches à l'effigie de Laurent Gbagbo.Le programme de campagne de l'opposition prévoit des "tournées de proximité et de mobilisation" dans le district d'Abidjan.
Les tournées sont conduites par des personnalités politiques dont l'ex-président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly, les députés Kouadio Konan Bertin et Gnangbo Kacou.
L'opposition a également annoncé plusieurs meetings à Abidjan et à l'intérieur du pays ainsi qu'à l'étranger. Des "marches nationales éclatées" vendredi vont clore la campagne de l'opposition et des organisations de la société civile hostile à la nouvelle Constitution.
L'opposition espère emmener Alassane Ouattara à retirer le texte de la nouvelle Constitution qui consacre, selon elle, un président "hyper puissant".
Le texte de la nouvelle Constitution, rédigé par un comité d'experts mis en place par Alassane Ouattara et adopté par l'Assemblée nationale, compte des réformes majeures portant notamment sur les conditions d'éligibilité à la présidence de la République, la création d'un poste de vice-président, d'un Sénat, et la reconnaissance des autorités traditionnelles à travers la constitutionnalisation de la Chambre des rois et chefs traditionnels élevée au rang d'Institution de la République.
La campagne électorale en vue du scrutin référendaire a débuté samedi et s'achèvera vendredi à minuit.La Commission électorale indépendante (CEI) appelle les électeurs, au nombre de 6,3 millions, à se rendre dimanche aux urnes dans près de 12.000 bureaux de vote sur l'ensemble du territoire national et à l'étranger pour se prononcer sur le projet de Constitution adopté par l'Assemblée nationale le 11 octobre.
La CEI assure qu'elle "mettra tout en œuvre" pour relever "le défi de la bonne organisation et de la transparence" afin de mener un "scrutin équitable et incontestable".
Côte d’Ivoire : début de campagne référendaire dans un climat apaisé