Le processus d'indemnisation des victimes de guerre a débuté en Côte d'Ivoire, quatre années après la sanglante crise post-électorale qui a secoué le pays en 2010- 2011.
De source officielle, les confrontations armées ont fait au moins 3.000 morts, un million de déplacés, ainsi que des blessés et mutilés parmi les populations civiles et les militaires.
"A cela s'ajoutent des biens pillés ou occupés et des cas de traumatismes", rappelle Sékou Traoré, membre actif d'un collectif des victimes de la crise.
A la mi-février, le directeur des Victimes de guerre au ministère ivoirien de la Solidarité Sylvanus Koré a annoncé le début de réparations pour les victimes du conflit post-électoral 2010-2011.
"Le gouvernement a entrepris d'indemniser les victimes et le processus a bel et bien démarré", déclare M. Koré aux médias, " les victimes sont écoutés et orientés, les blessés et les grands malades sont pris en compte".
10 MILLIARDS FCFA POUR LES VICTIMES
En vue de faire face aux préjudices causés par la crise postélectorale de 2010-2011, le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara a décidé de prévoir dans le budget 2015 la somme de 10 milliards Fcfa (20 millions USD).
Pour M. Ouattara, le temps est venu de "se consacrer entièrement" aux victimes et de "procéder aux réparations qui s' imposent".
"L'Etat n'oubliera personne", a-t-il assuré non sans appeler les partenaires de la Côte d'Ivoire à accompagner ses efforts en apportant leur contribution.
Alassane Ouattara a invité le gouvernement et les structures concernées à travailler avec la société civile "à la transparence et à la crédibilité" des opérations.
Pour le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, la paix et la réconciliation passaient par la mise en oeuvre des actions visant à réhabiliter les victimes.
"Aucune réconciliation véritable ne saurait se réaliser sans une réponse efficace à la question des victimes de guerre", souligne M. Koné.
UN FICHIER UNIQUE ET CRÉDIBLE
Avec insistance, des victimes de guerre ont plaidé pour la mise en place d'un fichier unique et crédible.
Le gouvernement qui partage cette vision, a enclenché le processus d'uniformisation des fichiers.
"Nous avons remis des fichiers à uniformiser à la Commission nationale pour la réconciliation et l'indemnisation des victimes ( CONARIV) présidée par l'archevêque Paul Siméon Ahouana", a noté la ministre de la Solidarité Anne Ouloto.
A en croire Mme Ouloto, son ministère a travaillé au préalable d'arrache-pied en vue de l'obtention d'un fichier unique, à partir duquel les victimes de guerres doivent être indemnisées.
De manière officielle, la CONARIV a été créée le 24 mars pour mission de parachever le travail de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR).
Cela devrait se faire tant par la recherche et le recensement des victimes et ayants droit de victimes non encore recensés, que par des propositions pertinentes en vue de la réparation des préjudices consécutifs subis par des personnes et biens lors des crises.
Mais de manière pratique, le Fonds d'indemnisation des victimes des crises sera géré par un organe chargé de l'indemnisation et de cohésion sociale, à savoir le Programme national de cohésion sociale (PNCS).
Le PNCS sera ainsi chargé de procéder, sur la base du fichier consolidé des victimes, à la réparation des préjudices subis après validation par le Président de la République et au moyen du fonds d'indemnisation des victimes.
Pour les représentants des associations de victimes de guerre tout comme pour des observateurs, le début du processus d' indemnisation se présente comme un soulagement et une lueur d' espoir.
"C'est un soulagement après plusieurs années d'attente, et c' est l'espoir d'une réparation après de graves préjudices subies par une partie de la population", note Kouassi Koffi, membre de la Convention de la société civile de Côte d'Ivoire (CSCI).
A plusieurs occasions, les associations des victimes de la crise post-électorale avaient plaidé pour une accélération du processus d'identification, notant que de nombreuses victimes vivent dans des conditions difficiles.
Pour ces associations, la concertation officielle des autorités, des experts et des acteurs de la société civile, qui a abouti au démarrage du processus de réparation constitue, une bouffée d' oxygène pour les victimes de guerre.
Photo:DR / Des victimes de la crise post-électorale, lors des audiences publiques de la CDVR