Abidjan - Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), du moins, une partie des soldats s’est illustrée, en 2014, par des agissements déplorables dont les soulèvements dans presque toutes les casernes du pays, à la mi-novembre et début décembre, contraignant le gouvernement à la négociation pour porter leurs revendications.
18 novembre 2014, une vague de protestation contre leurs ‘'conditions de vie, arriérés de solde…'' part de Bouaké (379 km au centre), deuxième ville du pays mais surtout fief de l'ex-rebellion des Forces nouvelles. Ces insurgés dressent des barricades sur les principaux axes de la ville. Pas de sorties ni d'entées.
Le mouvement gagne les autres casernes du pays dont Daloa, Man, Korhogo, même le plus grand camp militaire ivoirien, à Akouédo à l'Est d'Abidjan, n'y échappe. Les soldats réclament un meilleur ‘'traitement'' ainsi que ‘'l'avancement'' de 8400 d'entre eux conformément à l'Accord politique de Ouagadougou signé en mars 2007.
Le gouvernement, fortement, ‘'ébranlé'' par cette situation ‘'inattendue'' fait descendre sur la capitale économique un détachement des ‘'Forces Spéciales'' venues de leur base à Adiaké (Sud-est) qui prend position sur les coins stratégiques de la capitale, pour parer à toute éventualité.
Après d'âpres négociations, le Chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara et les militaires mécontents parviennent à un accord qui prévoit le début du paiement des arriérés de salaires ‘'dès fin novembre''.
‘'L'Accord de Ouagadougou n'a pas été précis sur certains points. Nous allons les clarifier '', avait déclaré M. Ouattara qui avait désigné un Comité interministériel pour discuter avec ces militaires.
‘'Les arriérés seront réglés selon les modalités sur lesquelles vous vous êtes entendus'', a-t-il poursuivi en annonçant que le paiement des arriérés commencera ‘'dès fin novembre''.
‘'Vous êtes dans l'armée et cela a été confirmé (…) A partir de maintenant vous devez vous comporter en soldats modèles. Si vous n'êtes pas des modèles, vous allez créer la chienlit dans ce pays'' a lancé Alassane Ouattara à ses interlocuteurs.
‘'Passez le message à vos camarades que nous nous sommes vus et nous nous sommes parlés et que nous nous sommes compris'', a-t-il ajouté.
Au regard du montant important (près 20 milliards de FCFA) pour satisfaire les revendications des militaires mécontents, il a été convenu que le paiement des arriérés qui remontent à 2009 ‘'s'échelonne sur six mois''.
Apparemment, le message du chef de l'Etat n'est pas passé. Le 18 décembre, rebelote au camp d'Akouédo. Des éléments, s'estimant ‘'éligibles au paiement d'arriérés de solde'', se soulèvent à nouveau. Cette fois, le gouvernement ne fait pas dans la dentelle pour réagir avec fermeté, en frappant très fort.
"Les militaires auteurs de ces actes ont été immédiatement mis aux arrêts. Les soldats concernés seront traduits devant le Tribunal militaire et radiés", a indiqué le communiqué du gouvernement rappelant que "la discipline étant la force principale des armées, les militaires de toutes catégories et de tous grades sont tenus de s'y conformer scrupuleusement".
Dans la foulée de ces événements, un ex-chef de guerre, Salif Traoré dit ‘' Commandant Tracteur'', soupçonné d'être derrière ce dernier mouvement d'humeur des soldats, a été mis aux arrêts.
Outre ces soulèvements, 2014 a, également, été marquée par d'innombrables affrontements entre soldats des FRCI, souvent à l'arme lourde notamment à Koumassi au camp-Egs.
Quelques soldats des FRCI ont, aussi, péri dans l'exercice de leur mission de défense de la République, notamment dans le Sud-ouest ivoirien, où l'attaque du village de Fetai à Grabo par des hommes armés venus du Libéria voisin, a fait sept victimes dont 3 soldats des FRCI.
HS/ls/APA
Des militaires ont débraillé à Abidjan et dans l'intérieur du pays le 18 novembre 2014. AFP