Côte d’Ivoire: fin du monopole sur l’électricité, les consomateurs "prudents"

  • 04/05/2016
  • Source : AFP
Les associations de consommateurs ont accueilli mardi avec "prudence" la décision gouvernementale de mettre fin au monopole des sociétés de distribution d'électricité et d'eau en Côte d'Ivoire, en vue d'aboutir à une baisse des prix.

"C'est une étape, nous attendons véritablement la mise en oeuvre de la mesure", a expliqué à l'AFP Jean-Baptiste Koffi, président de l'Union fédérale des consommateurs de Côte d'Ivoire qui regroupe 125 associations.
 
Ces associations disent "applaudir" une décision qui a tenu compte de leurs "avis", tout en restant "prudents dans l'attente de voir les choses aboutir".
 
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé dimanche vouloir "mettre fin au monopole de la CIE (compagnie ivoirienne d'électricité) et de la SODECI (société de distribution d'eau)" après la hausse récente des coûts de l'énergie.
 
"Je lance un appel à tous ceux qui souhaitent venir investir dans ces secteurs de le faire pour que nous ayons une saine compétition qui permettra de maîtriser les prix et de baisser le coût de l'électricité", a-t-il affirmé.
 
Saluant cette ouverture, l'Union fédérale s'inquiète toutefois du passage "d'un monopole public à un monopole privé".
 
Les syndicats du pays ont par ailleurs dénoncé "le malaise" provoqué par la hausse du coût de l'électricité, chiffrée à 40% sur cinq ans par l'Union fédérale des consommateurs.
 
Les bailleurs internationaux ont fait pression pour augmenter les tarifs et assurer l'avenir de la CIE - privatisée en 1990 et propriété du groupe franco-africain Eranove (actionnaire majoritaire) - qui vendait à perte le courant grâce à d'importantes subventions gouvernementales.
 
Entré en vigueur en janvier, un "ajustement tarifaire" devait correspondre à une "hausse de 6 à 10%" du prix du kW/h pour 60% des abonnés, selon le ministre de l'Energie, Adama Toungara.
 
"Des questions restent encore latentes: qui fixe le prix de l'électricité dans notre pays? est-ce la CIE? ou le ministère du commerce?", s'interroge M. Koffi qui note "l'absence" des associations dans ces instances.
 
Le patron de la mine d'or de Tongon (nord), le Sud-africain Dennis Marc Bristow, avait dénoncé la semaine dernière les "coupures intempestives" de courant suivies d'une hausse "considérable" du prix de l'électricité qui pourraient affecter la production de la plus importante unité du pays.
 
ck/cyj