Contrairement à son prédécesseur John Mahama, le président ghanéen Nana Akufo-Addo s'est déclaré en faveur d'une solution négociée au conflit territorial opposant son pays à la Côte d'Ivoire.
Le président Nana Akufo-Addo vient d'honorer sa promesse de rompre avec la politique de son prédécesseur John Dramani Mahama sur la question du différend frontalier maritime qui oppose le Ghana à la Côte d'Ivoire.
Lors d'un diner du dîner offert ce dimanche 7 mai par la présidence ivoirienne, à l'occasion de sa visite officielle de trois jours en Côte d'Ivoire, le président ghanéen a même confié qu'il était disposé à entamer «une solution négociée». Une nouvelle inattendue du côté de la Côte d'Ivoire qui s'est empressée de saluer cette volonté de Nana Akufo-Addo. «S'agissant de la question de la délimitation de la frontière maritime entre nos deux pays, je voudrais saluer votre disponibilité à œuvrer à une solution négociée en vue d'une gestion conjointe des ressources de la zone qui fait l'objet de discussions», s'est ainsi adressé Alassane Dramane Ouattara à son homologue ghanéen. Cet engagement de la part des deux chefs Etats pourrait signifier la fin des procédures enclenchées par le Tribunal international du droit de la mer (TIDM), à Hambourg en Allemagne, devant lequel l'affaire avait été portée.
Le TIDM a en effet été saisi en 2015 par la Côte d'Ivoire qui demandait au Ghana de cesser toutes ses opérations dans la zone du litige. Si le Ghana a dû obtempérer, il a aussi saisi la cour, arguant que les deux pays «ont mutuellement reconnu, respecté et fait application d'une frontière maritime commune, et ce pendant plus de 50 ans. Cette frontière suit une ligne d'équidistance». Un argument rejeté par la Côte d'Ivoire qui estime que les « activités unilatérales du Ghana dans les zones maritimes ''ivoiriennes'' sont une violation de ses droits souverains exclusifs».
Alors qu'une décision judiciaire est attendue en septembre prochain, , le président ghanéen déclarait avril dernier que «la Côte d'Ivoire est notre grand voisin de l'ouest, nous ne pouvons donc nous permettre de connaître des périodes de tension avec elle». Les échanges entre Accra et Abidjan, selon les données du ministère ivoirien du Commerce, sont montés à 286,3 milliards de FCFA (environ 477 millions de dollars) en 2015, alors qu'aucun des deux pays ne voudrait risquer de perdre cet atout.
Une zone des gisements offshores
Si la deuxième et la troisième économie de l'Afrique occidentale se battent pour un droit territorial, ce n'est pas uniquement pour des questions souveraineté. C'est surtout pour les richesses que recèle la zone en question. D'après les experts, il s'agit d'une zone qui abrite des gisements offshores, considérés comme les plus importants de l'Afrique de l'Ouest depuis les dix dernières années. Le pays qui fera la main mise sur ces gisements pourra ainsi voir son économie propulsée dans les années à venir.
Déjà en 2010, le Ghana s'était lancé dans la production de pétrole à grande échelle et a commencé à exploiter les ressources de ces gisements offshores. La Côté d'Ivoire, elle, ne produisait que 45 000 barils par jour et cherchait le moyen d'atteindre le seuil des 200 00 à l'horizon 2020. Elle a alors encouragé les compagnies pétrolières à prospecter dans ses eaux dans l'espoir d'y découvrir des réserves aussi riches que celles trouvées au large du Ghana. Aujourd'hui avec une solution négociée d'une gestion partagée, les deux pays s'en sortiraient gagnants et pourront reprendre le cap des productions escomptées.
Photo:Présidence / Les présidents ivoirien Alassane Ouattara et ghanéen Nana Akufo-Addo