Un grande rencontre publique s'est tenue mercredi à Gagnoa (centre-ouest, 270 km d'Abidjan) avec les populations locales à l'initiative des autorités préfectorales, communales et de hauts cadres pour faire baisser la tension dans le département, théâtre de violences intercommunautaires qui ont fait deux morts le 10 septembre.
La rencontre a regroupé plus de 1.000 participants issus de toutes les communautés vivant dans le département de Gagnoa, région natale de l'ex-président Laurent Gbagbo, a indiqué l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) dont la repsonsable, Aïchatou Mindaoudou, a participé à la réunion.
Revenant sur les incidents et leurs conséquences, Mme Mindaoudou a insisté sur l'importance du respect du cadre légal et de la loi, non sans demander l'ouverture d'une enquête pour "que l'on trouve les responsables et qu'ils répondent de leurs actes devant la loi", rapporte l'ONUCI jeudi dans une note d'information.
"Personne n'a le droit de se faire justice lui-même, et la meilleure façon de se battre en démocratie, c'est le bulletin de vote", a-t-elle souligné.
Mme Mindaoudou a insisté sur "les valeurs de la paix, qui doivent être mises en avant après avoir fait face aux conséquences du recours à la force", rapporte encore la note d'information.
"La division affaiblit, et les mêmes résultats peuvent être obtenus sans passer par la force", a ajouté la Représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU qui n'a pas manqué de clarifier le mandat de "bons offices" que lui a attribué le Conseil de sécurité qui consiste à "rapprocher les points de vues".
"La communauté internationale n'a pas vocation à venir régler les choses à votre place, mais à les faciliter", a-t-elle conclu toujours selon la note d'information.
Deux personnes ont été tuées et des biens matériels détruits dans le département de Gagnoa, notamment à Logouata, suite à des manifestations organisées le 10 septembre par la Coalition nationale pour le changement (CNC), parti de l'opposition comprenant des candidats à l'élection présidentielle et branche du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo), visant à protester contre la validation de la candidature du président sortant Alassane Ouattara à l'élection du 25 octobre.
Les manifestants estiment qu'Alassane Ouattara est inéligible en raison d'un "doute sur sa nationalité", qui l'avait empêché d'être candidat en 2000, et soutiennent que sa participation à l'élection de 2010 résulte d'une "décision exceptionnelle".
L'appel à manifester, très peu suivi, s'est mué dans les bastions supposés du FPI en des actes de vandalisme à Yopougon (Abidjan) ou à des affrontements entre partisans de Laurent Gbagbo et ceux d'Alassane Ouattara à Gagnoa mais également à Bonoua, dans le sud-est du pays d'où est originaire l'ex-Première dame, Simone Gbagbo.
La question de la nationalité de M. Ouattara, présenté par ses détracteurs comme d'origine burkinabé, est au cœur de la rébellion armée de septembre 2002 qui a coupé la Côte d'Ivoire en deux pendant huit ans.
L'élection du 25 octobre est censée traduire le retour de la paix et la réconciliation nationale après les violences de 2010 qui ont fait 3.000 morts dans le pays suite au refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle.
Photo:Onuci - Drissa Koné / La Représentante spéciale, Aïchatou Mindaoudou, console les victimes des affrontements inter-communautaires du 10 septembre 2015 à Bayota