Jamais Henri Konan Bédié n’a autant mérité son surnom de Sphinx : il multiplie les coups d’éclat et les déclarations contraires, laissant entrevoir à chacun des possibilités d’alliance… Quitte à alimenter les soupçons pour les élections de 2020 en Côte d'Ivoire.
Le vent sec et chaud de l’harmattan souffle en ce mois de février sur Daoukro, ville natale d’Henri Konan Bédié. Sous un préau décoré de têtes de biche en bois, dans un silence à peine perturbé par un doux air de Mozart, l’ancien président reçoit à déjeuner. Un cendrier à cigare, un plat de sauce gouagoussou… Bédié parle peu et écoute beaucoup. Depuis plusieurs semaines, son immense domaine ne désemplit pas de parents, de militants ou de courtisans.
Allié du président Alassane Ouattara depuis 2010, Henri Konan Bédié, 83 ans, a multiplié, ces huit derniers mois, les coups d’éclat. Entre interviews dans la presse qui fâchent le chef de l’État et déclarations ambiguës sur le parti unifié qui suscitent des réactions dans les rangs du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), Bédié mène une curieuse danse politique dont il est le seul à connaître les pas.
Doutes sur la forme du futur parti unifié
« On le savait réservé, mais on ne le connaissait pas fin tacticien », admet un ancien député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). C’est sans doute par tactique qu’il a pris le risque, en juin 2017, de tacler Ouattara dans les colonnes de JA à propos d’un candidat unique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) issu du PDCI. La manœuvre avait eu pour mérite de fâcher le chef de l’État, qui lui avait fait parvenir via son ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon Tanoh, une demande d’explication...
Côte d’Ivoire : Henri Konan Bédié, l’ambigu de Daoukro