Ce fidèle parmi les fidèles d’Alassane Ouattara occupe le poste de Premier ministre depuis près d’un an. Une position qui en fait un prétendant sérieux à la présidentielle de 2020.
Amadou Gon Coulibaly (AGC) a répété presque chaque semaine la même chorégraphie. Il descendait avec précaution les douze marches de marbre du premier étage du palais le dos légèrement voûté. Puis déposait un porte-documents marron sur un pupitre de verre, avant de lire un « communiqué de la présidence de la République » d’une voix monocorde.
Pendant près de six ans, c’est à peu près tout ce que les Ivoiriens ont vu du puissant et discret secrétaire général de la présidence. Le 12 janvier 2017, il s’est plié une dernière fois à ce rituel, une cravate violette nouée sous son costume bleu nuit. Mais son statut avait changé. Deux jours plus tôt, il était devenu Premier ministre.
Lui, l’homme de l’ombre, membre du tout premier cercle d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) avec le frère du président, Téné Birahima Ouattara, était propulsé en pleine lumière.
Entre AGC et le président, la relation est si forte qu’elle en devient énigmatique. Rarement on a vu un politique confier à ce point son destin à un seul homme. Leur rencontre date de la fin des années 1980. Gon Coulibaly est alors un jeune ingénieur de la Direction et contrôle des grands travaux (DCGT) et Ouattara, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Fidèle à Alassane Ouattara
Devenu Premier ministre, Ouattara nomme AGC au sein de son cabinet, en 1990. Mais le président d’alors, Félix Houphouët-Boigny, veut ramener Coulibaly dans son giron. L’intéressé refuse, expliquant au chef de l’État en personne qu’il veut continuer à travailler pour ADO. Leurs destins sont désormais liés. Bien qu’étant un « fils de Kong » (Nord-Est), ADO manque d’ancrage local.
Amadou Gon Coulibaly, issu d’une grande famille de Korhogo, va le lui offrir. Il sera de tous les combats au côté d’ADO, de la naissance du Rassemblement des républicains (RDR, dont il rédigera certains textes fondateurs) jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Ouattara, en 2011. « Gon cultive jalousement cette proximité », confirme un proche d’ADO.
Au sein du RDR, certains ont tenté de mettre à mal cette relation privilégiée, notamment quand des problèmes cardiaques détectés fin 2004 ont affaibli Coulibaly – en vain. Particulièrement atteint, il ne retrouvera toutes ses capacités qu’après une transplantation cardiaque, en juin 2012. « Ouattara a tout pris en charge, a prévenu sa mère que l’opération aurait lieu. Et, quand Gon est revenu à Abidjan, il a fait comprendre à tous ceux qui l’avaient enterré qu’il était toujours le numéro deux », rappelle un familier du Premier ministre.
"Il est l’homme des missions difficiles"
AGC dit souvent qu’il a « gagné une seconde vie » et qu’il la doit au chef de l’État. Sa nomination à la primature n’a fait que concrétiser ce lien. Les deux hommes déjeunent toujours ensemble une fois par semaine avec le vice-président, Daniel Kablan Duncan, et se parlent au moins deux fois par jour. « AGC ne fait rien sans en avoir informé ADO », affirme un proche du Premier ministre...
Côte d’Ivoire : jusqu’où ira Amadou Gon Coulibaly ?