Le président français Emmanuel Macron a félicité son homologue ivoirien après la validation de sa réélection. Mais la lettre est introuvable sur les canaux officiels.
La lettre date du 11 novembre, deux jours après la validation de la réélection d’Alassane Ouattara par le Conseil constitutionnel. Elle a surtout été écrite le jour de la rencontre entre Alassane Ouattara et l’ancien président Henri Konan Bédié. Mais il n'y aucune trace de ce courrier sur les canaux officiels de la présidence française ou de la présidence ivoirienne.
Dans celle-ci, le président Emmanuel Macron écrit que ce dialogue initié par le président ivoirien est "porteur d’espoir". Tout en souhaitant que "ce premier pas vers le rassemblement et l'ouverture puisse jeter les bases d’une réconciliation plus large" et mette fin à la violence et à la division.
La gêne de Macron
Mais aucune trace de cette lettre sur les comptes du président français. Quelques heures avant la lettre à Alassane Ouattara, Emmanuel Macron avait pourtant félicité Joe Biden officiellement pour son élection à la présidence des Etats-Unis. Selon Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l’Afrique, cela traduit une gêne d’Emmanuel Macron.
"C’est une lettre très paternaliste, en disant « voilà monsieur le Président, vous allez dans le bon sens ». Et en même temps en terminant, « toute mon amitié, etc». Cela veut dire que ça joue sur tous les tableaux. Et c’est une espèce de gêne", affirme Antoine Glaser.
Il ajoute : "On sent que là finalement Emmanuel Macron retombe un peu dans la Françafrique à l’ancienne avec un paternalisme, une relation personnelle avec Alassane Ouattara. Et c’est évident que c’est très mal reçu en Côte d’Ivoire." Guillaume Soro met lui en doute l'authenticité du courrier. "Si c'est vrai, ce serait pire que de l’ingérence", a-t-il écrit sur Twitter.
La fin du conseil national de transition ?
Les opposants ont qualifié le scrutin présidentiel du 31 octobre de coup d’Etat électoral et désigné Henri Konan Bédié comme chef du conseil national de transition (CNT). Fahiraman Rodrigue Koné, analyste politique au African Security Sector Network, estime que cette lettre d’Emmanuel Macron désavoue l’opposition. Il estime que "la lettre montre clairement que le président français a pris fait et cause pour Alassane Ouattara, tout en essayant de mettre une certaine pression pour l’inviter à négocier".
M. Koné estime, qu’avec la lettre du président français, de facto, "c’est un rejet pratiquement du CNT". "D’ailleurs. la plupart des institutions régionales, sous-régionales avaient déjà noté l’intérêt pour l’opposition d’agir dans un cadre légal, comme l’avait dit aussi l’Union européenne."
L’opposition ivoirienne avait dénoncé le mutisme d’Emmanuel Macron au sujet de la candidature à un 3ème mandat d’Alassane Ouattara. À travers cette lettre de félicitations, le président français prend en compte les intérêts de la France dans la région, pense Antoine Glaser. En 2011, la France avait soutenu Alassane Ouattara, alors que Laurent Gbagbo et lui revendiquaient la victoire.
Emmanuel Macron avait félicité Alassane Ouattara lorsqu’il avait renoncé au 3ème mandat