Côte d’Ivoire : l’opposition en démonstration de force avant la présidentielle de 2020

Il s’agissait du premier grand rassemblement politique de la Coalition pour la Démocratie, la Réconciliation et la Paix (CDRP), la plateforme d’opposition regroupant le (PDCI) d’Henri Konan Bédié, la branche pro-Gbagbo du Front populaire ivoirien (FPI), et les partis proches de l’ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro.

Le meeting, l’un des plus grands rassemblements de l’opposition depuis la crise survenue dans le pays en 2011 aura également servi à mesurer la capacité de mobilisation de l’opposition très souvent dispersée, à moins d’un an de la présidentielle de 2020. Une occasion d'un nouveau départ, d’une nouvelle alliance selon les organisateurs.

Ce sont des milliers de sympathisants qui ont pris d’assaut les artères de la commune N’zassa pour le lieu du meeting qui était déjà comble trois heures avant le début officiel de la cérémonie.

« On veut Gbagbo, on veut la paix », « Bédié au secours » scandaient ces milliers de jeunes et de femmes habillés majoritairement aux couleurs du FPI (bleu) et du PDCI(vert).

Dans les tribunes on pouvait voir des radicaux du FPI dont Laurent Akoun, Michel Gbagbo, Koua Justin, Odette Lorougnon. Côté PDCI étaient présents des caciques du parti dont Boa Thiémélé Edjmampan, Gnamien N’goran, le maire du Port-Bouet Emmou Sylvestre, l’ex-ministre Allah Rémi. Alain Lobognon et Teifour Koné représentaient le camp Soro Guillaume.

Même si elle n’a pas pris la parole, Simone Gbagbo fut l’une des attractions de ce rendez-vous. L’ex-première dame, à son arrivée, aux côtés du Secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kakou Guikahué et du Secrétaire général du FPI-Gbagbo, a juste salué les partisans en montant sur le podium sous une valse d’applaudissement, avant de regagner la tribune des officiels.

Au cours des allocutions, plusieurs thèmes ont été abordés. La réconciliation, la réforme de la CEI, le retour de Laurent Gbagbo et de son ministre Blé Goudé, les élections présidentielles en 2020…

Député de Fresco, Alain Lobognon est le premier à lancer les hostilités avec la question du cout de la carte d’identité ivoirienne : « Nous demandons que la CNI soit financée par l'argent du contribuable, par le budget national de Côte d'Ivoire et par les impôts. S'il y a de l'argent pour financer 55 ministres c'est qu'il y a de l'argent pour financer les cartes nationales d'identité. » a-t-il déclaré, invitant les ivoiriens à se faire recenser sur la liste électorale et à se préparer à infiltrer le RHDP. « Le RHDP, le sait : 2020, c'est le terminus", a lancé ce proche de l’ex-PAN Soro guillaume.

Quant au secrétaire général du FPI, il a déclaré depuis la tribune « vivre un grand jour, le PDCI et le FPI sont ensemble pour sauver la Côte d'Ivoire. Le président Laurent Gbagbo est disposé à aller à la paix et à la réconciliation. Ce meeting est le début de la renaissance de la Côte d'Ivoire.»

Pour le secrétaire exécutif en chef du PDCI, le temps n'est plus au discours dans les salons et ce meeting est le premier acte posé : « A partir d'aujourd'hui, on reste debout. Ce meeting est un meeting de préparation. La CEI doit changer. La Carte Nationale d'Identité doit être gratuite. On ne doit plus emprisonner des députés sans que son immunité parlementaire ne soit levée. » a-t-il déclaré.

Il a également appelé à la libération complète de tous les prisonniers de la crise post-électorale, notamment aux militaires emprisonnés et au retour du président Laurent Gbagbo, et de tous les exilés.

« Il est plus que nécessaire de se libérer des entraves du passé. Ce qui est passé est passé. Nous devons regarder l’avenir en posant des actes pour lesquels je vous demande déjà de vous mobiliser parce qu’on doit l’obtenir. Ce meeting, c'est un meeting de préparation, il y en aura d'autres" dans tout le pays » a ajouté le numéro 2 du PDCI qui vise le stade Félix Houphouët Boigny, dompté par le RHDP en janvier dernier. « Prochainement c'est l'opération "inondation Plateau" avec le stade FHB » a conclu le secrétaire exécutif en chef du PDCI-RDA.

Ce meeting fait suite à la rencontre fin juillet, entre les deux anciens présidents ivoiriens à Bruxelles, où Laurent Gbagbo réside en liberté conditionnelle en attendant un éventuel appel de son jugement d'acquittement devant la Cour pénale internationale de La Haye.

Ahopol