Côte d’Ivoire: l’opposition pro-Gbagbo radicalise son discours, dénonce les "dérives totalitaires" d’Abidjan

  • 31/03/2014
  • Source : AFP
ABIDJAN, Le Front populaire ivoirien (FPI - pro-Gbagbo), principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, a fortement radicalisé son discours, dénonçant dans un communiqué dimanche de "graves dérives totalitaires" du pouvoir ivoirien, à moins de deux ans de la prochaine présidentielle.

Le comité central du FPI, qui s’est réuni de manière extraordinaire samedi, une semaine après le transfèrement de Charles Blé Goudé, un proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale, a vertement critiqué le régime d’Alassane Ouattara, qu’il a qualifié de "dictature" au "visage hideux".
 
Dénonçant de "graves dérives totalitaires" du pouvoir d’Abidjan, le FPI a fait savoir qu’il se préparait à organiser "dans les meilleurs délais et dans une logique de ripostes graduées" de "grandes actions de masse".
 
"Il est évident que le dialogue politique est un leurre" et la réconciliation "un échec", estime le parti d’opposition, qui demande la "dissolution" de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), dont il critique entre autres le "manque de sincérité" et les "calculs politiciens".
 
Le FPI appelle également à la "démission" du ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, notamment coupable, selon cette formation, d’"actes de torture des opposants politiques", de "traque", d’"enlèvements" et de "tentatives d’assassinats" des pro-Gbagbo.
 
Le FPI a "pris définitivement l’option de troubler la quiétude des Ivoiriens", a immédiatement répondu Joël N’Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR, le parti de M. Ouattara).
 
Le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan "et ses amis", "veulent nous ramener dans le gouffre et le chaos" "au moment où notre pays renoue avec la paix sociale", s’est-il indigné dans un communiqué.
 
La liberté provisoire accordée à certains cadres de l’ancien régime, dont son président, "ne saurait être utilisée pour semer le trouble dans notre pays", a tonné le RDR, appelant le FPI à "se ressaisir".
 
La Côte d’Ivoire, secouée par une décennie de crise politico-militaire, dont la crise postélectorale de 2010-2011 constitua l’épilogue sanglant (plus de 3.000 personnes moururent en cinq mois), quand Laurent Gbagbo refusa de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara, connaît une crispation politique récente.
 
Le FPI avait précédemment appelé à boycotter le recensement de la population en cours et les audiences de la CDVR.
 
Le prochaine élection présidentielle doit se tenir en octobre 2015. Le FPI n’a toujours pas indiqué s’il participait. Nombre d’observateurs lui prédisent une défaite au cas où il présenterait un candidat.
 
jf/ob