L’opposition pro-Gbagbo réunie au sein de l’Alliance des forces démocratiques (AFD) a décidé de suspendre la participation de ses représentants aux travaux de la Commission électorale indépendante (CEI) après la reconduction vendredi de Youssouf Bakayoko à la tête de l’institution en charge des élections en Côte d’Ivoire.
"Nous suspendons la participation de nos représentants aux travaux de la Commission", a déclaré la première vice-présidente de l’AFD, Danièle Boni Claverie, lors d’une conférence de presse lundi à Abidjan.
Toutefois, a-t-elle précisé, "il ne s’agit pas pour eux de démissionner ou de quitter la CEI".
Youssouf Bakayoko a été élu vendredi par 12 des 17 membres de la commission centrale, après de houleuses discussions deux jours d’affilée sur le mode de désignation des membres du bureau.
Les représentants de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, des ONG non confessionnelles, du Mouvement des forces d’avenir (MFA, mouvance présidentielle), du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) et de l’Alliance des forces démocratiques (AFD, coalition de l’opposition incluant le FPI), ont quitté la salle avant le vote.
Selon Mme Boni-Claverie, l’Alliance a toujours exigé, "pour un bureau consensuel", le secrétariat général et la première vice- présidence de la CEI.
Les deux postes ont été pourvus vendredi après que les représentants de l’AFD ont quitté la réunion, dénonçant le "vote mécanique" privilégié pour l’élection du bureau en lieu et place du "consensus".
"Nous souhaitons que le gouvernement veuille bien respecter ses engagements et que tous les discours officiels sur la transparence ne demeurent point au stade des intentions", a indiqué Danièle Boni Claverie.
Pour elle, la CEI est "un maillon essentiel dans le processus électoral et il est impératif que son démarrage se fasse sous les auspices d’une volonté affirmée de respect mutuel pour aller à des élections apaisées".
Dans un communiqué lundi, le Rassemblement des républicains ( RDR, au pouvoir) a demandé au nouveau bureau de "se mettre rapidement au travail afin que les futures élections se tiennent à bonnes dates, dans la transparence et dans la sérénité".
En "absence d’accord par arrangement politique, le vote démocratique constitue le dernier recours" et la mise en place du bureau de la CEI par élection est "la forme la plus achevée du consensus", estime le parti du président Alassane Ouattara.
La commission centrale de la CEI composée d’un représentant du président de la République, de quatre représentants de l’administration, quatre représentants de la société civile, quatre représentants du parti ou des groupements de partis au pouvoir et de quatre représentants du parti ou des groupements des partis de l’opposition a prêté serment le 11 août devant le Conseil constitutionnel.
L’opposition menée par le FPI a toujours dénoncé une CEI " totalement déséquilibrée en faveur du gouvernement et des politiques qui le soutiennent" susceptible de créer "les germes d’une autre crise post-électorale prévisible à l’horizon".
Les élections annoncées en octobre 2015 sont censées traduire le retour à la paix en Côte d’Ivoire après les violences post- électorales de 2010-2011 qui ont fait plus de 3.000 morts dans le pays.
L'alliance des forces démocratiques suspend sa participation aux travaux de la CEI