Les avocats de l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, jugé à Abidjan pour crimes contre l’humanité, ont quitté le tribunal mercredi, après avoir réclamé la "reprise totale" du procès, placé à nouveau dans l’impasse.
Pendant près d’une heure mercredi, les avocats ont dénoncé "l’irrégularité de la constitution de la Cour", arguant que l’un des deux assesseurs avait été remplacé sans "respecter le mode de désignation", et demandé "une reprise totale du procès" entamé en mai 2016.
Le juge Kouadjo Boiqui, président de la Cour d’assises qui juge Mme Gbagbo, a rejeté les requêtes de la défense, estimant que "l’irrégularité de la Cour ne peut être constatée que par la Cour suprême". Il a ensuite ajourné l’audience à mardi.
Mme Gbagbo, dont la dernière apparition au tribunal remonte à fin novembre, était une nouvelle fois absente mercredi.
Le procureur général Aly Yéo avait accusé mardi les avocats de Mme Gbagbo - commis d’office en décembre après le retrait de ses conseils - de vouloir saboter le procès de l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, jugée pour des crimes contre l’humanité commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011.
"Les avocats commis d’office ont manifestement une volonté de ne pas continuer ce procès. Ils donnent l’impression d’y avoir été contraints et forcés", avait déclaré M. Yéo, après une nouvelle requête de la défense ayant
entraîné un nouvel ajournement.
Entrecoupé de nombreuses suspensions depuis son ouverture le 31 mai 2016, le procès est quasiment à l’arrêt depuis le retrait fin novembre des avocats de Mme Gbagbo, allant de report en report après des discussions de procédure.
Mme Gbagbo est jugée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier d’Abidjan favorable à Alassane Ouattara - rival de son mari Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010 - et pour sa participation à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime.
Ces crimes ont été commis lors de la crise qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois dans le pays, après le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire électorale de M. Ouattara.
Simone Gbagbo purge déjà une peine de 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l’Etat", prononcée en 2015. Son mari est jugé de son côté par le Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour des crimes contre l’humanité commis pendant la crise de 2010-2011.
Photo à titre d'illustration / les avocats ont dénoncé