Des autorités et planteurs ivoiriens se réjouissent de plus en plus de la baisse sensible de la fuite des produits agricoles vers les pays voisins.
A plusieurs occasions, ceux-ci s'étaient inquiétés et avaient dénoncé la persistance du trafic illégal des produits agricoles vers les territoires voisins.
"L'an dernier, les paysans vendaient leur cacao au premier venu qui avait de l'argent espèce. Plusieurs opérateurs ghanéens étaient ainsi sur le terrain ici pour acheter les produits en grande quantité", a expliqué Ludovic Amon, responsable d'une organisateurs de planteurs dans la région de l'Indénié (est).
PROTÉGER L'ECONOMIE DU PAYS
Pour celui-ci, il urgeait de mener des actions synergiques pour juguler le fléau qui portait un coup de poignard à l'économie.
"La fuite de nos produits vers les pays limitrophes nous fait subir un grand tort et des dommages en matière de revenu de l`Etat ", avait relevé la présidente du Comité de gestion de la filière café-cacao Massandjé Touré, lors d`une opération de recensement des producteurs.
"Nous souhaitons que toutes les productions de cacao et de café soient commercialisées en Côte d`Ivoire en non dans les pays voisins. Nous vous demandons de tout mettre en oeuvre pour empêcher la fuite de nos produits vers ces pays. Il vous faut dénoncer auprès des autorités compétentes tous ceux qui détournent le café et le cacao vers d`autres cieux", avait-elle recommandé.
Lors d`une rencontre des producteurs, le Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d`Ivoire (SYNAP-CI) avait tiré la sonnette d`alarme.
"Depuis la crise post-électorale de 2010, une partie de la production cacaoyère de Côte d`Ivoire prend la direction des pays tels que le Ghana, la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. Cela cause des dommages sans précédent à l`économie ivoirienne et pénalise du coup la bonne mise en place du programme de société du président de la République", avait déploré son président, Koné Moussa.
LA VIGILANCE DES BRIGADES DE SURVEILLANCE
La zone d`Abengourou située près de la frontière ghanéenne s'est positionnée en avant-garde de cette lutte, à travers la mise en place de brigades de surveillance qui ont déjà obtenu des résultats tangibles.
Plusieurs convois de camions chargés de cacao qui s'apprêtaient à franchir la frontière en vue d'écouler les produits au Ghana voisin ont été interceptés grâce à la vigilance de ces brigades.
Les autorités administratives, les forces de sécurité et les planteurs eux-mêmes sont impliqués dans le combat contre le trafic illicite de produits agricoles et par ricochet dans les actions contre les convois frauduleux.
"Cette année, nous n'avons pas constaté de grosses fuites vers le Ghana. Plusieurs milliers de tonnes produites ici ont plutôt été évacuées vers Abidjan pour leur exportation", a noté le préfet d'Abengourou (est), Fadi Ouattara.
UNE MESURE GOUVERNEMENTALE SALUTAIRE
Pour plusieurs observateurs, la récente mesure gouvernementale fixant le prix d'achat bord champ du cacao à 750 francs CFA constitue un autre élément catalyseur de la baisse de la fuite des produits vers les pays limitrophes.
"Si beaucoup de producteurs vendaient leur cacao dans les pays voisins tels que le Ghana, c'était à cause du prix. Si les prix d'achat au Ghana sont plus intéressants, des paysans préfèrent aller y vendre leurs produits", a confié un producteur.
De l'avis de certains responsables d'organisations de planteurs, une autre fuite du cacao serait aujourd'hui " inexplicable et inacceptable" d`autant que l`embargo sur les exportations du café et du cacao a été levé, et que les autorités viennent de fixer un prix d'achat "reluisant".
Toutefois, ceux-ci ont appelé à la vigilance et à la fermeté contre les acheteurs véreux et contre les tracasseries routières afin que le planteur puisse vendre effectivement son produit au prix indiqué.
L'économie ivoirienne repose en grande partie sur l'agriculture, notamment le binôme café-cacao.
Depuis plusieurs décennies, la Côte d`Ivoire occupe le rang de premier producteur mondial de cacao et de troisième producteur de café.
La lutte contre la déperdition des ressources constitue l'une des priorités du gouvernement afin de dynamiser l'économie du pays.
Côte d'Ivoire : la fuite des produits agricoles vers les pays voisins connaît une baisse sensible - Photo à titre d'illustration