ABIDJAN - La justice ivoirienne doit s'activer sur l'instruction d'un charnier découvert en 2000 à Abidjan, qui 13 ans après les faits continue de faire polémique, a déclaré vendredi à l'AFP le président d'une association de victimes.
Le 26 octobre 2000, un charnier de 57 corps est découvert dans le quartier Yopougon, à Abidjan, après trois journées de violences ayant suivi l'élection du président Laurent Gbagbo.
Huit gendarmes poursuivis dans cette affaire sont acquittés le 3 août 2001, faute de preuves. Douze témoins refusent alors de venir déposer, soulignant craindre pour leur sécurité puisque le procès se déroule dans un camp de gendarmerie.
En novembre 2011, le Collectif des victimes en Côte d'Ivoire (CVCI) demande une réouverture de l'instruction, pour faire entendre de nouveaux témoins. Jeudi, soit deux ans plus tard, le parquet d'Abidjan a pour la première fois entendu dix d'entre eux, a appris l'AFP auprès du CVCI.
"Les gens n'ont pas de volonté politique de rouvrir ce dossier. Ils se disent que c'est sensible", constate Issiaka Diaby, président du CVCI. "Tout le monde ne parle que de réconciliation, alors que la justice, les droits des victimes, personne n'en parle", soupire-t-il.
Le charnier de Yopougon est couvert par plusieurs lois d'amnistie prises sous le régime Gbagbo, explique à l'AFP Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement. "On ne va pas remettre en cause tout ce qui a été fait avant", lance-t-il.
Ce charnier reste un symbole de l'histoire ivorienne récente. Le 28 octobre dernier, au lendemain d'une célébration du CVCI, +Notre voie+, journal pro-FPI, le parti de Laurent Gbagbo, le qualifie de "montage grossier" et de "création" du RDR, le parti du président Alassane Ouattara.
Le CVCI a porté plainte contre ce quotidien.
Le charnier de Yopougon, découvert au lendemain d'affrontements ayant fait 155 morts, la plupart du RDR, selon des chiffres d'époque de cette formation, a été l'un des premiers évènements sanglants ayant frappé la Côte d'Ivoire.
Ce conflit a pris fin en avril 2011 avec le renversement de M. Gbagbo et l'arrivée au pouvoir du vainqueur de l'élection d'octobre 2010, Alassane Ouattara. Les violences postélectorales de 2010-2011 ont fait plus de 3.000 morts.
Aucun chiffre n'est disponible permettant de quantifier le nombre de victimes, vraisemblablement supérieur, de la période 2000-2010, marquée par une rébellion armée qui occupa le nord du pays et des violences politiques.
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Côte d’Ivoire: la justice doit s’activer sur l’instruction d’un charnier (association) - Photo à titre d'illustration