En 2014, la Côte d’Ivoire inaugurait en grande pompe la mine d’or d’Agbaou. Elle devait produire trois tonnes par an et augmenter de 20% la production d’or du pays. L’extraction a été souvent ralentie par les manifestations de la population et les conflits sociaux. Après quatre ans de tensions, un accord est enfin intervenu entre gestionnaire de la mine et représentants des habitants.
Depuis l’ouverture de la mine, les populations riveraines crient à la trahison. D’une part, elles disent n’avoir jamais vu la couleur des compensations financières promises. Pourtant, selon l’exploitant de la mine, 6,7 milliards de francs CFA (10 millions d’euros), ont été versés aux 1100 agriculteurs et propriétaires fonciers impactés.
Un comité local de développement, imposé par le code des mines, a également touché 1,5 milliard de CFA pour financer routes, écoles et centres de soins. Mais Agbaou n’a bénéficié d’aucune infrastructure digne de ce nom, déplore Symphor Djolé Kouassi, le chef du village.
Surenchère de la part de la population? Corruption généralisée qui détourne l’argent de sa destination? Toujours est-il que les manifestations, souvent violentes, ont fortement impacté la production de la mine. La compagnie canadienne Endeavour estime ses pertes d’exploitation à 600 millions de francs CFA par an (environ un million d’euros).
Chômage des jeunes
L’autre sujet de mécontentement repose dans le choix du personnel embauché. Jusqu’à présent, un tiers seulement des 900 salariés est originaire de la proche région d’Agbaou. Or, selon les associations locales, «la mine a occupé nos terres exploitables, nous n’avons plus d’activités agricoles». Rappelons que la mine à ciel ouvert s’étend sur une superficie de 469 km².
Alors, la population attend beaucoup de l’accord pour l’emploi local, notamment grâce à un plan d’embauches et de formation des jeunes.
Accord historique
Endeavour n’a pas communiqué sur la teneur de l’accord. Mais l’entreprise parle «d’une première». «Nous voulons développer un dialogue social (afin) d’éviter des malentendus et des comportements susceptibles de bloquer l’activité de la mine», a déclaré Daniel Yaï directeur de la filiale ivoirienne d’Endeavour.
L’apaisement rappelle les premières heures de la vie de la mine en 2014. A l’époque, le pays formulait de grands espoirs dans cette quatrième mine d’or du pays. En fait, ses réserves ne dépassent pas les 35 tonnes, soit une douzaine d’années d’exploitation. Si les habitants ont obtenu justice, c’est loin d’être l’Eldorado.
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