En arrivant au pouvoir en avril 2011, le président Alassane Ouattara avait deux défis à relever : rebâtir économiquement une puissance régionale malmenée par dix années de conflits armés et guérir les millions de cœurs blessés.
Mais six après la fin de crise ivoirienne, la réconciliation reste la tache noire du régime Ouattara; toutes choses ternissant les prouesses réalisées au plan économique.
Le décollage économique et la réconciliation nationale étaient les deux chantiers engagés par le président ivoirien, Alassane Ouattara dès son arrivée au pouvoir en avril 2011. En six ans de pouvoir, le chef de l’Etat a relevé la Côte d’Ivoire au point où, l’ex enfant malade de la sous région en est devenu la fierté.
De moins de 05 % en 2011, Alassane Ouattara a relevé le taux de croissance à 8,5% en fin d’exercice 2016. Du coup, l’ancien haut fonctionnaire du FMI (Fonds monétaire international) et de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a pu placer son pays en tête des pays d’Afrique en termes de croissance économique, selon un rapport de la Banque mondiale (BM), sur la situation économique de la Côte d’Ivoire, paru en juillet 2016. Mais cette belle performance économique se trouve handicapée par la problématique de la réconciliation.
S’il est une thématique qui aura fait couler beaucoup d’encre et de salive pendant les deux mandats du président Ouattara, c’est bien celle de la réconciliation. Pourtant, la mise en place d’une Commission dialogue vérité et réconciliation en Côte d’Ivoire, à l’issue de la crise postélectorale, avait pour objectifs de faire oublier à des millions d’Ivoiriens les atrocités de la crise.
Cet instrument de justice transitionnelle a conclu ses activités par la remise d’un rapport aux autorités ivoiriennes le 15 décembre 2014, soit trois ans après sa mie en place. Mais depuis, aucune suite n’a été donnée aux travaux de la commission de Charles Konan Banny.
Aussi, faut-il signaler que six ans après la fin de la crise, un grand nombre d’Ivoiriens, taxés à tort ou à raison de pro-Gbagbo, croupissent dans les geôles en attendant leur jugement. L’ancien président Laurent Gbagbo et son ancien ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé sont jugés à la CPI pendant que l’ancienne première Dame purge une peine de 20 ans pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Pendant ce temps, les proches de l’actuel président qui sont aussi soupçonnés de crimes pendant la crise sont en liberté. Peu d’initiatives ont été véritablement prises dans le sens de la réconciliation. Autant de choses qui font que six ans après la fin de la crise, la réconciliation et la cohésion sociale peinent à devenir une réalité en Côte d’ivoire.
Christophe SESSOU
Photo à titre d'illustration:DR / le président Alassane Ouattara