Des organisations de la société civile ivoirienne dénoncent le huis clos autour des audiences publiques organisées par la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) et réclament la diffusion par les médias publics des témoignages recueillis auprès des victimes et de leurs bourreaux des récentes crises militaro-politiques en Côte d'Ivoire.
Dans un communiqué, des organisations de la société civile dont la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (Lidho) invitent le gouvernement ivoirien à "prendre toutes les dispositions pour diffuser dans les médias d'Etat (Télévision publique, radio publique, journal public) les enregistrements" des audiences publiques.
Les audiences publiques de la CDVR se sont déroulées entre le 6 et le 30 septembre à Abidjan, loin des regards du public et des médias, en présence de quelques organisations de la société civile triées sur le volet.
Au total 80 personnes présentées comme des "cas emblématiques" de victimes et de bourreaux des crises survenues entre 1999 et 2011 en Côte d'Ivoire ont pu témoigner, à titre d'exemple, devant la CDVR.
Ces audiences publiques ont permis, selon le communiqué, "aussi bien aux victimes et aux bourreaux, quel que soit leur camp, de s'exprimer librement puis demander et accorder le pardon pour une Côte d'Ivoire nouvelle".
Les organisations de la société civile signataires du texte constatent "tout le sérieux avec lequel ces audiences se sont tenues" mais "regrettent que les médias nationaux n'aient pas couvert et diffusé les auditions".
Elles appellent la CDVR à "prolonger" les audiences publiques pour "donner l'occasion aux autres cas emblématiques de s'exprimer publiquement afin d'être apaisés". Les audiences publiques constituent la dernière étape des activités de la CDVR créée en 2011 sur le modèle sud-africain pour réconcilier les Ivoiriens après la crise post-électorale qui a fait au moins 3.000 morts dans le pays.
Les audiences publiques "n'ont pas vocation à condamner ou à absoudre" et devraient être "le lieu où s'effectue un travail de mémoire, où est rétablie l'obligation éthique du respect de la vie " et "un tribunal de conciliation, de réconciliation et de pardon", avait expliqué le président de la CDVR, Charles Konan Banny, à l'ouverture des confrontations publiques entre bourreaux et victimes.
Pour bien d'analystes, les audiences publiques n'ont eu aucun écho dans la population ivoirienne et n'ont pas suscité la " catharsis" prévue par le président de la CDVR "faute de retransmission télévisée et de couverture médiatique suffisante".
Les audiences de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) ont commencé début septembre