Depuis leur acquittement à la CPI en mars dernier, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé font toujours ľobjet de tractations politiques autour des conditions de leur rapatriement. Des négociations que dénoncent les victimes des violences liées à la meurtrière crise post-électorale de 2011. Elles organisent une manifestation devant le Palais de Justice ďAbidjan ce lundi matin 10 mai pour exiger ľarrestation des deux hommes dès leur arrivée en Côte ďIvoire.
Le président Alassane Ouattara ľa répété : il veut laisser une chance à la réconciliation nationale, en permettant à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé de rentrer sans encombre au pays.
L'ex-chef ďÉtat et son ministre de la Jeunesse ont tous les deux été condamnés par contumace par la justice ivoirienne à vingt ans de prison ferme. Ils pourraient donc bénéficier ďune grâce ou ďune amnistie. Ce que refuse catégoriquement Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de la crise post-électorale, qui avait fait, selon ľONU, plus de 3 000 morts en 2011 :
« Il faut les arrêter parce qu'une décision du juge dans un État de droit s'exécute. Si vous n'êtes pas d'accord avec la décision, vous avez des voies de recours, comme le procureur l'a fait dans l'affaire Laurent Gbagbo. Maintenant, on a épuisé toutes les voies de recours, même si la décision ne satisfait pas les victimes : vu qu'elles se sont engagées dedans, elles sont obligées de l'accepter. C'est la même chose ici : il y a une décision de justice qui a été rendue à l'encontre de Laurent Gbagbo, il faut qu'elle s'applique. »
Car pour Issiaka Diaby, il ne peut y avoir de réconciliation sans justice : « Depuis 2001, il y a eu plusieurs séquences de réconciliation de dialogue politique, de rencontre entre les hommes politiques. Ces faits n'ont pas porté la réconciliation, au contraire, ça a été un facteur de promotion des auteurs de crimes et de l'impunité. »
Les victimes manifestent ce matin devant le Palais de Justice ďAbidjan. Elles n'excluent pas de multiplier les actions à l’avenir.
Le président du collectif des victimes de la crise post-électorale ivoirienne, Issiaka Diaby, lors d'une conférence de presse à Abidjan, le 21 décembre 2018. AFP - SIA KAMBOU