La grande coalition qui a eu raison du FPI de Laurent Gbagbo s’est fissurée. Si entre Alassane Ouattara et Konan Bédié, les liens se sont renforcés, on n’en dira pas autant avec Guillaume Soro. L’ancien chef des étudiants devenu chef des rebelles des Forces nouvelles s’est sorti des pièges anodins et a échappé à quelques petits traquenards.
Le dernier qui pouvait lui nuire et entacher son avenir politique était cette conversation téléphonique avec les auteurs du putsch manqué contre les actuelles autorités du Burkina Faso, dans le but de remettre Blaise Compaoré en selle. La voix de Guillaume a-t-elle été authentifiée et cette conspiration a-t-elle été vérifiée et prouvée ? On se pose la question de savoir : qui de Ouattara et de Guillaume Soro a plus d’intérêt à se mouiller en faveur de Blaise Compaoré ?
Peu importe, certains de ses partisans et fidèles ont pensé à un montage et à une conspiration pour le déchoir du Perchoir et pour l’éloigner du pouvoir. Se sont-ils montrés indiscrets dans l’entreprise de contrer cette manœuvre, on ne le dit pas. Mais finalement, le référendum sur la création d’un sénat et du poste de Vice-président pour mettre les points sur les « I », très contesté par une grande frange de la population qui n’était pas exclusivement que des militants du FPI, a fini par couper court.
Du coup, l’inamovible président de l’Assemblée Nationale s’est trouvé rétrogradé d’une marche de la Présidence. Comme Philipe Yacé sous Houphouët Boigny, Guillaume Soro ne sera pas l’héritier constitutionnel sous Alassane Ouattara, en cas de vacance du pouvoir.
La sortie des militaires mutins dans la rue pour faire du boucan n’est qu’un début des troubles. Les gendarmes sont sur le charbon, sans compter les fonctionnaires et les enseignants sur le gril. Le pays est dans un état d’insurrection pacifique qui ne dit pas son vrai nom. La boîte de Pandore laisse sortir les maux à compte-goutte. Après les gendarmes, à qui le tour ? Le malaise est si perceptible sous les braises que ADO a dit quelque chose qui fait penser qu’il n’a pas l’intention d’exercer son mandat jusqu’à son terme, en 2020. Le Vice-président aura du pain rassis sur la planche.
Les choses se font de façon si sibyllines et si feutrées en Côte d’Ivoire que personne n’ose s’aventurer davantage dans les analyses. Parfois, on peut se dire que les choses ne sont pas comme elles paraissent, à entendre Guillaume Soro «remercier filialement le président Alassane Ouattara » dans son discours de réinstallation à l’Assemblée Nationale.
Mais si tel est le cas que les analystes se sont fourvoyés, tant mieux, et chacun, en Côte d’Ivoire, doit œuvrer à ramener le calme et la quiétude chez les insurgés, militaires comme fonctionnaires. Il faut craindre que le mauvais exemple ivoirien provoque un effet domino dans la sous-région.
Mutineries et grèves, rien n’est plus entravant pour stopper la marche vers l’émergence. Il n’y a pas émergence économique sans émergence politique. La logique est terre à terre.
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