Abidjan - Le procès de l’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés, qui devait s’ouvrir mercredi à Abidjan, a été reporté sine die, a annoncé le gouvernement.
Le procès de Simone Gbagbo "aura bel et bien lieu" même s’il connaît un "report", a déclaré Affoussiata Bamba-Lamine, porte-parole adjointe du gouvernement lors d’une conférence de presse, sans s’avancer sur une date.
"Il ne faut pas avoir d’inquiétudes. Je veux vous rassurer", a poursuivi Mme Bamba-Lamine, pour qui des "clarifications" doivent être faites "au niveau de la communication", ce qui explique que "les choses ne sont pas allées jusqu’au bout".
Mercredi matin, des dizaines de journalistes ont arpenté en vain le hall du palais de justice d’Abidjan-Plateau, en l’attente d’une cérémonie d’ouverture qui n’a finalement jamais eu lieu.
Les identités des 24 accusés bénéficiant de la liberté provisoire avaient pourtant été vérifiées mardi, ouvrant théoriquement la porte à de premières procédures techniques.
Les débats en tant que tel ne doivent débuter que dans deux semaines, avait estimé lundi Mathurin Dirabou, doyen des avocats d’Abidjan, qui défend Gilbert Aké N’Gbo, ex-Premier ministre du président Laurent Gbagbo.
Le retard pris serait également lié à une recomposition nécessaire du jury, dont l’origine ethnique des membres, proche de celle du président Alassane Ouattara, pourrait causer des suspicions à l’heure du verdict, selon plusieurs sources judiciaires.
"Il faut tenir compte de l’environnement politique", "il s’agit d’un procès politique", a jugé la porte-parole adjointe, par ailleurs ministre de la Communication.
Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par Laurent Gbagbo, avait dénoncé lundi un procès "politique" visant à "museler l’opposition" avant la présidentielle de 2015.
Surnommée la "Dame de fer", Simone Gbagbo, 65 ans, est accusée par la Cour pénale internationale (CPI) de "crimes contre l’humanité" commis durant la crise postélectorale et par la justice ivoirienne de "génocide".
Le pouvoir ivoirien refuse de transférer son épouse Simone vers La Haye, estimant être en mesure de lui organiser un procès équitable en Côte d’Ivoire.
Le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite au scrutin présidentiel de décembre 2010 face à Alassane Ouattara avait embrasé le pays.
Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
Les 83 accusés seront jugés notamment pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Un autre procès pour crimes de sang se tiendra ultérieurement.
Aucun partisan important d’Alassane Ouattara n’a pour l’instant été inquiété par la justice, en dépit des crimes commis par son camp durant la crise. La société civile ivoirienne critique régulièrement la "justice des vainqueurs" en vigueur dans le pays.
ck-jf/thm
Le procès de Simone Gbagbo reporté sine die