En Côte d'Ivoire, le gouvernement tente toujours de canaliser les différents mouvements de grogne entraînés par la mutinerie de début janvier. Le pouvoir avait accepté de verser 12 millions de francs CFA à 3 400 soldats qui s'étaient soulevés.
D'autres groupes avaient ensuite revendiqué la même somme. C'est le cas des démobilisés. Ils sont en contact avec le gouvernement depuis des semaines. Ils réclament une meilleure image dans la société, la reconnaissance d'anciens grades, des postes dans les services publics. Mais surtout, ils espèrent obtenir, comme les mutins, 12 millions chacun. Dimanche dernier, le Premier ministre a rencontré à Korogho, une vingtaine de leurs représentants. Une première depuis le début de la crise.
Selon des participants, le Premier ministre a dit que l'Etat n'avait pas les moyens de payer les milliers d'anciens combattants que compte le pays. Pour Amadou Gon Coulibaly, la priorité c'est de leur trouver des emplois sur des chantiers, dans des usines, à travers des formations.
Des propositions qui satisfont Soumarou Mohamed, porte-parole des démobilisés de Korogho : « Quand il dit qu’au lieu de donner tous les jours du poisson à quelqu’un, il est préférable de lui apprendre à pêcher, ça nous a émus. Moi, personnellement, j’ai toujours pensé que trouver du boulot était nécessaire ».
Ladji Ouattara, porte-parole de ceux de Bouaké est par contre plutôt déçu : « Ça grogne un peu partout. Les démobilisés, c’est une masse dormante. A un certain moment, l’homme qui a faim n’est pas un homme libre. La patience aussi a des limites. La base veut des liquidités tout de suite ».
Le Premier ministre a expliqué avoir peur l'argent liquide soit rapidement dépensé sans régler les problèmes. Une crainte que ne partage pas Ladji Ouattara : « Nous ne sommes pas des enfants. Chacun a un projet. S’il a son argent la première des choses c’est de se trouver un terrain pour vivre avec sa famille. Il faut investir, mais les militaires aujourd’hui ils savent que chaque fin du mois on va leur verser quelque chose. Mais le démobilisé, il ne va pas percevoir quelque chose à la fin du mois, c’est ça la grande différence ! Il sait que c’est sa vie qui est dans sa main, il ne va pas s’amuser avec ».
Soumarou Mohamed, lui, reconnaît que la question divise : « On ne peut pas faire l’unanimité. Qui n’aime pas l’argent sur cette terre ? Mais il fallait qu’on soit réaliste ».
Les représentants ont promis de transmettre le message à leur base. Ils espèrent que les négociations continueront.
Photo à titre d'illustration | Les démobilisés veulent une partie de l’argent promis aux militaires