Des militaires ivoiriens des forces spéciales, basés dans deux localités proches des frontières sud et nord du pays sont descendus mardi dans les rues en tirant en l’air, selon des habitants, réclamant une augmentation de leur solde et le paiement de primes.
Mardi, des membres de ces forces ont occupé, en tirant en l’air, les rues d’Adiaké, siège d’une base militaire à 90 km à l’est d’Abidjan et à une trentaine de km à vol d’oiseau de la frontière avec le Ghana.
"On déplore trois blessés par balles dont une femme", a expliqué à l’AFP Mme Coulibaly, responsable des femmes de cette ville.
"Cela continue, ils (les soldats) paradent en ville a bord de voitures pick-up, en tirant en air", raconte Gislain, un autre habitant d’Adiaké.
Selon un enseignant joint au téléphone, "les gens sont terrés chez eux, la ville est calme. On ne sait rien des revendications, on parle d’une affaire de primes".
Le général Lassina Doumbia, patron des forces spéciales, le général de division Touré Sékou, chef d’état-major général des Armées, et le général Vagondo Diomandé, chef d’Etat-major particulier du président de la République a pu échanger avec les mutins qui réclament une augmentation de leur solde et le paiement de primes à l’instar de ce qui a été accordé aux soldats qui s’étaient révoltés en janvier.
Les revendications de ces soldats n’étaient pas connues dans l’immédiat, mais la Côte d’Ivoire a été le théâtre en janvier d’une série de mutinerie au sein des forces de sécurité.
Des éléments des Forces spéciales prépositionnés pour lutter contre la menace jihadiste, ont également manifesté mardi en tirant en l’air à Tengréla, à environ 700 km au nord d’Abidjan et à une demi-douzaine de km de la frontière avec le Mali.
Selon des habitants, les tirs avaient cessé à Tengréla dans l’après-midi.
Le mouvement est parti d’Adiaké, quelques heures avant. "Ca tire en l’air un peu partout. J’ai dû fermer mon commerce", a témoigné Mariame Coulibaly, une habitante jointe au téléphone depuis Abidjan. Une source au ministère ivoirien de la Défense a fait état de "l’arrivée urgente" sur place du chef des Forces spéciales.
"La ville est paralysée, les écoles ont fermé renvoyant les élèves à la maison", a affirmé un autre habitant, faisant état de "soldats dans les rues".
Adiaké abrite une base maritime qui forme des "commandos marins" et assure en même temps la surveillance côtière dans cette région qui partage une frontière maritime avec le Ghana.
A Tengréla, "les forces spéciales ont tiré ce matin en l’air devant le lycée. Mes enfants sont revenus à la maison par peur. On ignore ce qui se passe pour l’instant", a raconté à l’AFP Bamba, un habitant qui n’a donné que son prénom.
"Les tirs ont commencé vers 11H00 (locales et GMT), le lycée s’est vidé", a expliqué un enseignant. Mais "tout est rentré dans l’ordre, les tirs ont cessé et à l’heure actuelle les cours ont repris", a-t-il ajouté en début d’après-midi, demandant aux élèves et enseignants de regagner les écoles.
Les Forces spéciales ivoiriennes sont une unité d’élite de l’armée qui est intervenue en première ligne le 13 mars 2016, lors de l’attaque jihadiste de Grand Bassam, une station balnéaire à l’est d’Abidjan (19 morts). Elles sont directement impliquées dans la sécurité proche du président ivoirien Alassane Ouattara.
Début janvier, la Côte d’Ivoire a été secouée par une mutinerie d’anciens rebelles intégrés dans l’armée, qui avaient paralysé plusieurs villes pour réclamer le paiement de primes.
En satisfaisant à leurs revendications, via le versement de primes à 8.500 de ces membres de l’ex-rébellion ivoirienne ayant contrôlé le nord du pays entre 2002 et 2011, les autorités avaient provoqué la colère de militaires et gendarmes non concernés par cet accord financier, qui s’étaient à leur tour mutinés. Des affrontements avaient fait quatre morts à Yamoussoukro (centre).
Les autorités avaient ramené le calme en promettant "d’améliorer les conditions de vie" de toutes les forces de sécurité.
La Côte d’Ivoire a lancé en 2016 une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu’en 2020, qui prévoit la modernisation et des achats d’équipements pour 1,2 milliard d’euros et une refonte des effectifs.
Avec AFP
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