La Côte d’Ivoire n’a pas de cas déclaré du virus à fièvre hémorragique, Ebola, mais les populations semblent abandonner les mesures préventives éditées par le gouvernement qui restent, cependant, toujours en vigueur.
L'épidémie à fièvre hémorragique ou Ebola qui a affecté trois pays de la sous-région, la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria faisant des dizaines de milliers de morts, a amené la Côte d'Ivoire pays frontalier avec le Libéria et la Guinée à prendre des mesures préventives pour lutter contre la propagation de cette pandémie sur son territoire, en raison du flux migratoire entre ces pays affectés et le territoire ivoirien.
Parmi les premières mesures d'urgence, à l'apparition de foyers d'Ebola dans les pays limitrophes, on note ‘'l'abattage, la manipulation et la consommation de la viande de brousse''. Puis, un communiqué du gouvernement en date du 10 août 2014 vient renforcer le dispositif de prévention avec de nouvelles mesures.
Ainsi, outre ‘'la fermeture des frontières et de vols aériens'' à destination des pays touchés par le virus (mesure levée plus tard), ‘'le gouvernement recommande aux populations de se laver régulièrement
et soigneusement les mains à l'eau et au savon, d'éviter de serrer les mains et de faire des accolades'' insistait le communiqué signé du porte-parole du gouvernement, le ministre Bruno Nabagné Koné.
Plus d'un an après, l'observation qu'on disait ‘'stricte'' de ces mesures est jetée aux calendes grecques. Pourtant toutes les mesures d'interdiction restent, encore, en vigueur.
Même si la situation épidémiologique de la Côte d'Ivoire, selon le No 144 du 5 novembre 2015 du « Spécial alerte maladie à virus Ebola » (disponible sur le site web du ministère de la santé, consulté par
APA) ne relève ‘'aucun cas à ce jour'' dans les 16 régions sanitaires du pays, il est illusoire de croire que la Côte d'Ivoire est immunisée contre la maladie en l'absence des règles d'hygiène relevées par le gouvernement.
A la faveur de la campagne et du scrutin présidentiel du 25 octobre, on a ‘'royalement'', ignorées toutes ces mesures pendant les regroupements des foules. Dans plusieurs ministères et administrations privées, le dispositif de lavage des mains installé à l'entrée a foutu le camp.
‘'Est-ce que en Côte d'Ivoire, on respecte quelque chose ? Les premiers moments, on feint semblant d'obéir et puis après on tombe dans les mêmes travers'', confie, résigné, un vigile d'un ministère.
Dans certains maquis de la capitale économique et à l'intérieur du pays, la viande de brousse, pourtant, interdite à la consommation, refait, surface, certes dans la discrétion mais à la connaissance de plusieurs initiés en complicité avec les tenanciers de ces espaces gastronomiques.
‘' C'est à leur risque et péril. Parce qu'il y a la loi. S'ils sont pris ils répondront de leurs actes devant la justice. Cependant, il faudra que le gouvernement communique sur cette maladie dans notre pays, étant entendu que dans les pays touchés, on déclare qu'il n'y a plus de virus Ebola'', suggère Jonas N'dri, fonctionnaire à Tiapoum au Sud-Est.
Un paysan dans la région de Bangolo (ouest ivoirien) avait écopé d'une peine de 24 mois de prison ferme, en mars dernier, pour avoir transgresser la mesure de consommation de la viande de brousse en mangeant un rat.
Depuis, un cas similaire n'a été rapporté pourtant Dieu seul sait le nombre de gibier abattu et destiné à la consommation sur le territoire national. Un marché noir de la viande de brousse se développe tant à Abidjan que dans les villes de l'intérieur. Avec tous les risques.
HS/ls
L'épidémie à fièvre hémorragique ou Ebola qui a affecté trois pays de la sous-région, la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria faisant des dizaines de milliers de morts