Des manifestations contre la libération de l'ex-président Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale, se sont déroulées le jeudi 17 janvier dans deux grandes villes du Nord de la Côte d'Ivoire. Cette région est traditionnellement favorable à son rival Alassane Ouattara.
Une centaine de personnes se présentant comme des victimes de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ont paralysé la circulation dans le centre de Korhogo, la grande ville du Nord. Ils ont protesté contre la décision d’acquittement et de libération de Laurent Gbagbo et de son coaccusé Charles Blé Goudé par la Cour pénale internationale (CPI) mardi. Encadrés par la police, ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Si la CPI libère Laurent Gbagbo la guerre va reprendre en Côte d’Ivoire ».
À Bouaké, ville qui fut le siège de la rébellion contre la présidence Gbagbo entre 2002 et 2011, une centaine de manifestants ont paralysé pendant deux heures la circulation en brûlant des pneus sur un rond-point central, protestant contre « l’impunité ».
« On nous dit qu’il (Laurent Gbagbo) est innocent. Et les 3 000 morts, qu’on nous dise qui en est l’auteur ! », s’est indigné Adama Koné, un étudiant.
« Si la CPI veut la paix en Côte d’Ivoire, alors qu’elle garde Laurent Gbagbo là-bas », a lancé un apprenti chauffeur, Drissa Coulibaly.
« Tout le monde sait que c’est Charles Blé Goudé qui donnait des instructions aux Jeunes patriotes, pourquoi nous dit-on qu’il est innocent ? » s’est interrogé une étudiante, Amoin Konan.
Libération suspendue
La veille, mercredi, une manifestation de personnes se présentant comme des victimes avait perturbé la circulation à Abobo, une grande commune populaire d’Abidjan, également réputée pro-Ouattara.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes comparaissaient devant la CPI pour quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.
La Cour a suspendu mercredi soir leur remise en liberté, après un nouvel appel déposé par le procureur. « En attendant la décision de la chambre d’appel sur l’appel du procureur (…) MM. Gbagbo et Blé Goudé resteront sous la garde de la CPI », a indiqué un porte-parole de la cour, basée à La Haye.
Une rue du quartier d'Abobo, à Abidjan, fermée par des pneus enflammés, par des manifestants protestant contre l'acquittement de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo par la CPI, dans le cadre de poursuites pour crimes de guerre, le 16 janvier 2019. © Reuters