Le Front populaire ivoirien (FPI) connaît de nouveaux déchirements: les partisans de Laurent Gbagbo, détenu par la Cour pénale internationale, affirment que l'ex-président a été élu à la tête de la formation, ce qu'a démenti mercredi la direction du parti.
Il s'agit des derniers soubresauts en date au sein du parti de l'ancien chef de l'Etat, principale formation d'opposition au président Alassane Ouattara, en pleine crise avant la présidentielle d'octobre.
"Pour l'élection à la présidence du parti, le camarade candidat Laurent Gbagbo a obtenu 15.851 voix, soit 99,64% des suffrages", a affirmé dans une déclaration écrite Sébastien Dano Djédjé, en charge d'un "congrès extraordinaire" du FPI ayant abouti à cette annonce.
Mais le président du FPI, Pascal Affi N'Guessan, à qui les "frondeurs" pro-Gbagbo du parti s'opposent depuis des mois, a qualifié cette annonce de "poisson d'avril".
"Il n'y a eu aucun congrès. C'est de la propagande. Ce sont des déclarations sans fondement, qui n'ont aucune valeur juridique", a-t-il déclaré à l'AFP.
M. Djédjé a assuré à l'inverse que ces résultats émanaient d'"opérations électorales organisées à la base". Ils seront entérinés jeudi à Mama (ouest), le village natal de M. Gbagbo, lors d'un rassemblement, a annoncé cet ancien ministre.
Le FPI se déchire entre deux camps: le premier veut concourir à la présidentielle d'octobre derrière Pascal Affi N'Guessan, mais le second refuse un tel scénario et fait de la libération de Laurent Gbagbo "le coeur de la stratégie de lutte du parti".
Ces deux camps se sont opposés à plusieurs reprises devant la justice ivoirienne. Elle a notamment prononcé fin 2014 l'irrecevabilité de la candidature de Laurent Gbagbo à la tête du parti. Ses partisans avaient fait appel, la décision est attendue le 5 juin.
Samedi, M. N'Guessan a affirmé pour la première fois que le FPI allait désigner un candidat pour affronter Alassane Ouatttara lors de l'élection d'octobre, un scrutin clé pour la stabilisation du pays.
Laurent Gbagbo est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour des "crimes contre l'humanité" présumés commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
Née du refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, la crise a fait plus de 3.000 morts.
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Photo:DR / Sébastien Dano Djédjé(g), le nouvel homme fort des frondeurs