La mouvance présidentielle du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition de six partis politiques) devient coutumière de violations de textes qu’elle a pourtant elle-même inspirés ou adoptés. Une tendance préoccupante, alors que l’incivisme gagne du terrain et que les autorités affirment vouloir la combattre.
Tribune. L’acte fondateur du futur parti unifié dénommé « accord politique », signé par six dirigeants de la mouvance présidentielle (Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Albert Toikeusse Mabri, Soro Brahima, Joseph Séka Séka et Siaka Ouattara), contient une anomalie juridique de taille : il n’est pas daté.
Dévoilé le 16 avril 2018 et confirmé le même jour par une déclaration, datée celle-là, de Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et président du présidium du RHDP, cet acte a été signé par le président Ouattara pour le compte du Rassemblement des républicains (RDR), parti dont la présidente est pourtant Henriette Dagri Diabaté.
Une autre anomalie, d’autant que le titre de président honoraire du parti, dont jouit Alassane Ouattara depuis le dernier congrès du RDR, ne lui donne pas le droit de prendre des engagements qui impacteraient durablement la survie du parti.
Anomalies dans les nominations
De fait, ces petits arrangements avec les textes opérés par des dirigeants commencent à devenir gênants. Un exemple récent est la nomination du médiateur de la République.
Alors que la nouvelle Constitution, votée en 2016, impose en son article 166 que la nomination intervienne « après avis du président de l’Assemblée nationale et du président du Sénat », le chef de l’État a attendu la veille de l’élection du président du Sénat pour y procéder. Adama Toungara, député et maire d’Abobo (Abidjan) a donc été nommé de facto, sans recours à l’avis du président du Sénat – pas encore en place...
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