Côte d’Ivoire : Pourquoi Amadou Gon est le successeur naturel du Président Ouattara

  • 19/03/2020
  • Source : Fratmat.info
Tous les observateurs indépendants et analystes avec qui j’ai échangé sont unanimes sur le fait que s’il y a un reproche qu’on ne saurait faire à Amadou Gon Coulibaly, c’est bien d’être impopulaire. Aucun indicateur objectif ne pourrait accréditer la thèse de l’impopularité d’AGC et tout concourt plutôt à démontrer le contraire.

Au sein du RDR d’Alassane Ouattara, il est une des premières figures depuis plus de 26 ans. Depuis 2001, Amadou Gon Coulibaly s’est imposé comme la figure politique la plus populaire de Korhogo, réduisant presque à néant ceux qui comptaient dans la localité, dont certains sont ses oncles : Adama Coulibaly alias Adama Champion, Kassoum Coulibaly ; Lassiné Gon Coulibaly, etc. Députation, mairie, AGC gagne tout à Kohrogo, sauf quand il décide de ne pas faire acte de candidature et laisse la place à quelqu’un de son parti.

Manque de charisme

On dit de quelqu’un qu’il a du charisme lorsqu’il "séduit par son charme et/ou sa personnalité", la personnalité ici pouvant être son intellect ou une forme d’autorité naturelle que dégage la personne. De sa racine grecque, kharisma désigne le grand prestige, le pouvoir de séduction ou l'ascendance exceptionnelle qu'une personne exerce sur ses interlocuteurs ou sur un large public. Or ce don exceptionnel à convaincre et se faire accepter, cette ascendance naturelle sur ses interlocuteurs Amadou Gon Coulibaly l’a.

Tranchant et ferme quand la lutte l’a imposé, calme et patient lorsque les circonstances l’exigent, le Premier Ministre ivoirien a su séduire le peuple du parti d’Alassane Ouattara à tel enseigne que, lors des meetings, les militants attendent avec beaucoup d’excitation le moment où celui qu’ils ont surnommé "le lion" va prendre le micro. Ce ne sont pas là des caractères que l’on peut associer à un "manque de charisme", sauf à ne pas connaître le sens de ce mot.

Une scène a marqué les militants de la première heure du RDR d’Alassane Ouattara et contribué à asseoir la réputation de dur à cuir, voire de témérité d’AGC. Nous sommes sous le régime du président Bédié qui a décidé de casser ce nouveau parti déjà très populaire. Il ordonne une descente de la police au siège du RDR, rue Lepic à Abidjan. Tous les militants et dirigeants de la formation présents sont arrêtés. Amadou Gon est absent, mais dès qu’il apprend la nouvelle, plutôt que de se mettre à l’abri, il se rend au lieu de détention des cadres et militants du RDR pour se constituer prisonnier.

Austère & autoritaire

J’ai rencontré plusieurs de ses collaborateurs actuels et même ses ex-collègues du BNETD (Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement). Et leurs témoignages concordent : AGC est un homme qui met tellement du sérieux dans tout ce qu’il fait qu’il peut par moment paraître austère, mais il s’agit plus d’hyper-concentration, à ne pas confondre avec le susceptible, l’atrabilaire colérique que d’aucuns voudraient peindre. Ceux qui le connaissent plus intimement m’ont décrit quelqu’un de certes très exigeant avec lui-même comme avec ses collaborateurs mais qui, dans le privé, est très drôle et adorable.

Alassane Ouattara va généralement si vite, dans la réflexion et l’action, qu’il est impossible pour ses collaborateurs de suivre la cadence, à l’exception notoire d’AGC. "La complicité est si forte entre les deux hommes qu’ils n’ont souvent même plus besoin de se parler pour se comprendre", m’a indiqué une personnalité politique ivoirienne très proche du président Ouattara et de son Premier Ministre. De tous les successeurs putatifs, m’a indiqué un membre de l’entourage présidentiel, Amadou Gon est le seul qui pourra bénéficier de l’accompagnement de tout instant de ce dernier. "De nous tous, il est celui qu’ADO, après sa présidence, pourra prendre au téléphone, et ce, quelle que soit l’heure. C’est un avantage qu’aucun autre collaborateur et compagnon de lutte du président Ouattara ne peut revendiquer" m’a confié une source dans l’entourage du président Ouattara. Le président ivoirien lui-même affirmait parlant d’Amadou Gon sans le nommer, qu’il laisse le pays entre les mains d’une "équipe bien formée, honnête, reconnue pour son respect du travail et du don de soi". En d’autre mot, comme le disent les anglo-saxons : Amadou Gon is ready for the job ! Amadou Gon est prêt pour la fonction ! (Présidentielle).

Il n’y aura certes pas d’autres Ouattara, comme l’Afrique du Sud va pour l’éternité espérer voir apparaître un autre Mandela. Ces personnages sont uniques et on ne les remplace jamais. Ceci étant, même après leur mort, ils continuent de vivre à travers leurs enseignements et l’émulation que l’évocation de leurs grandes œuvres provoque chez leurs successeurs.

Selon toute vraisemblance, avec Amadou Gon Coulibaly, c’est un peu Ouattara qui succède à Ouattara, tant il a appris aux côtés de ce dernier. Il se dit dans les milieux introduis qu’il est de tous celui qui saura poursuivre l’œuvre de son mentor, infatigable bâtisseur. C’est tout le mal que les Ivoiriens dans leur majorité semblent lui souhaiter.

Said Penda