Abidjan - Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, principal allié du président sortant Alassane Ouattara au sein de la majorité, a validé samedi la candidature unique du chef de l'Etat à la présidentielle d'octobre, malgré de fortes dissensions au sein de cette formation.
La décision a été prise à l'unanimité de près de 4.000 membres réunis pour un congrès exceptionnel.
A huit mois du scrutin, le président ivoirien est le seul candidat déclaré de son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), allié du PDCI dans la majorité.
"C'est un plébiscite incontestable" s'est réjoui l'ex-chef de l'État et président du PDCI, Henri Konan Bédié, à la fin des travaux.
"M. Bédié a été bien inspiré, nous ne sommes qu'heureux" s'est félicité de son côté, Joël N"Guessan, porte-parole du RDR, affirmant que son parti "endosse totalement et entièrement l'appel de Daoukro dans toute sa composante".
L'"appel de Daoukro", lancé en septembre dans son fief par l'ex-chef de l'État et président du PDCI Henri Konan Bédié en faveur de la candidature unique d'Alassane Ouattara, prévoit "l'alternance politique en 2020 qui doit ramener le PDCI au pouvoir d'Etat".
"Je fais confiance à la parole du président Alassane Ouattara" a soutenu M.Bédié.
Toutefois, cet appel ne fait pas l'unanimité au sein de l'ancien parti unique.
"C'est du jamais vu!. Le PDCI n'aura pas de candidat à l'élection présidentielle de 2015" s'est exclamé, Williams Koffi, membre "frondeur" du bureau politique du PDCI, en marge du congrès.
L'avant-veille, quatre cadres du PDCI avait donné le ton en refusant les consignes données à Daoukro par M. Bédié, qui avait alors fait allégeance à Alassane Ouattara.
L'ex-Premier ministre Charles Konan Banny, l'ancien ministre des Affaires étrangères Amara Essy, l'ex-vice-président de l'Assemblée nationale Jérôme Kablan Brou et le député Bertin Kouadio Konan, surnommés "les frondeurs" ou "le club des quatre", se verraient bien représenter leur formation à la présidentielle. Aucun n'était présent au vote de samedi, refusant d'"avaliser" un résultat selon eux connu d'avance.
Le PDCI, "un parti vivace, peut aller à des élections pour les remporter", ont affirmé jeudi les quatre hommes, réunis pour la première fois lors d'une conférence de presse. "Irrecevable", l'appel de Daoukro est un ""diktat" de M. Bédié, "tombé dans des pratiques autocratiques", et qui a "méprisé les militants", a pesté M. Brou.
'Présidentielle animée et difficile'
La direction du PDCI, confortée par le vote du jour, n'a pas encore fait savoir quel sort
serait communiqué aux "frondeurs".
"Aucune candidature (...) d'un individu, quel que soit son rang, ne saurait justifier l'implosion d'un parti", a tonné vendredi Maurice Kakou Guikahué, le numéro 2 du PDCI, menaçant les mutins de sanctions pouvant aller jusqu'à "l'exclusion".
La dissidence, ayant "mis fin à un discours unique qui consistait à vendre un candidat unique", pourrait "laisser des traces" dans ce parti cinquantenaire, souligne le politologue Jean Alabro.
"Ce n'est pas sérieux (...) cela donne l'impression d'un parti où il n'y a plus de règle", déplore-t-il.
La situation n'est guère meilleure au Front populaire ivoirien (FPI-pro Gbagbo), troisième parti majeur, qui n'a toujours pas indiqué s'il participerait à l'élection présidentielle.
Le parti, créé par Laurent Gbagbo sous le règne du PDCI, est en crise ouverte depuis plusieurs mois, alors que l'ex-président est emprisonné "pour crimes contre l'humanité" depuis fin 2011 à la Cour pénale internationale, à La Haye, qui le jugera à partir de juillet.
Déboussolé sans son leader, le FPI se divise en deux camps. Le premier veut concourir à la présidentielle derrière Pascal Affi N'Guessan, le président du parti. Ses adversaires en interne refusent mordicus un tel scénario, faisant de la libération de M. Gbagbo "le coeur de la stratégie de lutte du parti".
Les deux factions se sont déjà affrontées en justice en décembre. Une rencontre de la jeunesse du FPI s'est terminée la semaine dernière en pugilat entre des pro-Affi et des pro-Gbagbo.
"La présidentielle s'annonce animée et difficile", prévient l'analyste.
L'élection de 2015 est un rendez-vous crucial pour la Côte d'Ivoire, après une décennie de crise politico-militaire dont les violences postélectorales de 2010-2011 ont constitué l'épilogue. Plus de 3.000 personnes sont mortes en cinq mois.
La crise postélectorale avait été provoquée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la dernière présidentielle face à Alassane Ouattara.
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Le Président Alassane peut faire son plus beau sourire