Deux anciens ministres ivoiriens ont comparu, jeudi, au procès dont l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo est la tête d’affiche, réfutant les accusations "d’atteinte à la sûreté de l’Etat" pour lesquelles ils sont poursuivis.
Les deux premiers accusés d’envergure, détenus pendant près de deux ans avant d’être mis en liberté provisoire, ont comparu libres devant la Cour d’assises d’Abidjan. Leur audience, sans témoin pour appuyer ou contester l’accusation, a duré deux heures à peine.
Jean-Jacques Béchio, ancien ministre de la Fonction publique sous le président Félix Houphouët-Boigny, le "père de la nation ivoirienne", a été arrêté le 11 avril 2011 aux côtés de l’ex-président Laurent Gbagbo et de sa femme Simone, après cinq mois de violences postélectorales qui firent plus de 3.000 morts.
"Moi, me rebeller contre l’autorité de l’Etat ou attenter à la sûreté ?", s’est étonné cet ancien diplomate de carrière, habillé d’un ensemble sahélien bleu ciel.
Et de raconter l’"injustice" de ses années de détention et "l’enfer sur terre" lors du bombardement de la résidence présidentielle, dans laquelle il se trouvait, ce 11 avril 2011. "Ca été infernal. Nous avons été gazés comme des rats (...) et cernés par l’armée française", at-il dit.
Georges Armand Ouégnin, chirurgien de formation, fut un éphémère secrétaire d’Etat à l’Assurance maladie dans le dernier gouvernement de Laurent Gbagbo, qui dura quatre mois à peine.
"Je ne reconnais pas les faits" d’atteinte à la sûreté de l’Etat, a-t-il lancé, sanglé dans un costume gris.
"Vous n’avez pas tenu des réunions sur des achats d’armes pour alimenter des milices ?", l’a questionné le président du tribunal Dembélé Taïrou.
"Non! ce que je sais faire, c’est la médecine", lui a répondu l’accusé.
Après trois années d’instruction, Simone Gbagbo et 82 autres prévenus ont été convoqués fin décembre devant la Cour d’assises d’Abidjan pour le procès le plus important en Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011.
En refusant de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2010 face à Alassane Ouattara, l’ex-président Laurent Gbagbo, actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI) sous l’acusation de "crimes contre l’humanité" , avait plongé le pays dans une crise sanglante.
Lui-même au nombre des accusés, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par M. Gbagbo, a dénoncé un procès "politique" visant à "museler l’opposition" avant la présidentielle de 2015, à laquelle M. Ouattara est candidat.
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"Je ne reconnais pas les faits" d’atteinte à la sûreté de l’Etat, a lancé Jean-Jacques Béchio, ancien ministre de la Fonction publique sous le président Félix Houphouët-Boigny