La récolte nationale de bananes en Côte d’Ivoire, premier producteur africain, ayant pour principal débouché l’Union européenne (UE), a atteint en 2016 près de 350.000 tonnes, a annoncé vendredi le ministre ivoirien de l’Agriculture, qui craint toutefois une concurrence déloyale.
"Aujourd’hui, les chiffres dans le secteur de la banane sont assez reluisants grâce aux efforts de l’ensemble des acteurs" a affirmé le ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly, lors d’une cérémonie.
"De 2014 à 2016, la production nationale est passée de 290.000 à 346.000 tonnes, tandis que les exportations globales (progressaient) de 280.000 à 332.500 tonnes" a poursuivi M. Coulibaly, se disant satisfait de "l’amélioration de nos performances dans le secteur et d’avoir retrouvé notre place de premier producteur africain de banane".
Toutefois, le ministre ivoirien a exhorté à "développer les marchés locaux et sous-régionaux et prospecter les zones de commerce non traditionnelles", "face à la concurrence des pays latino-américains et centre-américains sur le
marché européen".
Il a aussi qualifié de "défi permanent" la concurrence des pays bénéficiant du statut NPF (Nation la Plus Favorisée). Pour les pays NPF, la taxe imposée à l’entrée du marché européen a diminué de 148 euros/tonne à 75 euros/tonne.
"Cette situation peut compromettre ainsi tous les efforts de l’Etat ivoirien tout comme ceux des autres pays ACP (Afrique Caraïbe Pacifique)", a souligné M. Coulibaly.
De leur côté, les producteurs de bananes ivoiriens ont critiqué cette baisse graduelle des taxes douanières sur les importations de banane en provenance des pays hors ACP, qui constitue une concurrence déloyale.
"Cette taxe aujourd’hui de 75 euros la tonne est appelée à disparaître à cause du lobbying exercé par les pays de l’Amérique dans le cadre des négociations du commerce mondial. Cette disparition entraînerait une baisse de compétitivité de 15% qui serait fatale à notre filière banane", a averti M Dominique Malezieux, directeur de la Société d’étude et de développement de culture bananière (SCB), qui représente 70% de la production nationale.
"La banane d’aujourd’hui ne doit pas avoir l’avenir de l’ananas", une filière actuellement sinistrée en Côte d’Ivoire, a-t-il mis en garde.
"La banane qui nécessite beaucoup de main-d’oeuvre dans les zones rurales permet de fixer les populations dans nos campagnes et de lutter d’une part contre l’exode rural et d’autre part contre l’immigration clandestine, qui
cause tant de détresse et de pertes en vies humaines", a-t-il ajouté.
La Côte d’Ivoire, qui produit de la banane depuis plus de cinquante ans, a amorcé un plan de relance en vue de doubler sa production d’ici 2020 pour atteindre 500.000 tonnes.
Photo à titre d'illustration:DR