Abidjan - Le vote d’une nouvelle loi sur la presse prévu mercredi à l’Assemblée nationale ivoirienne a été reporté alors que le projet est l’objet de vives critiques des organisations professionnelles et de l’opposition, a-t-on appris mardi de source parlementaire.
"La loi sur la presse n’est pas inscrite dans le programme que nous avons reçu pour la journée de demain", a déclaré un député à l’AFP sous couvert de l’anonymat.
"Nous nous félicitons de ce que le projet de loi sur la presse ne soit pas inscrit à l’ordre du jour de la session comme prévu auparavant", a réagi Guillaume Gbato, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d’Ivoire (SYNAPPCI).
"Nous interprétons ce report comme un geste de bonne volonté du gouvernement et du parlement allant dans le sens de la suspension du processus d’adoption de cette loi (...) comme nous l’avions demandé au ministre de la Communication (Bruno Koné), vendredi dernier au cours de l’audience qu’il a accordée à l’ensemble des organisations professionnelles des médias", a poursuivi M. Gbato.
L’adoption du projet en commission avait suscité une levée de boucliers d’une dizaine d’organisations professionnelles, dont l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI), et de l’opposition politique dénonçant une "loi liberticide, plus répressive et totalement aux antipodes de la modernité".
Le SYNAPPCI a appelé à "des discussions de fond", regroupant les organisations professionnelles des médias, la société civile et les partis politiques pour doter "notre pays de lois progressistes et consensuelles tournées vers la consolidation de la liberté d’expression, la liberté de la presse et de la démocratie".
Le texte adopté en commission le 8 mai prévoit notamment depunir "d’emprisonnement d’un à cinq ans (...) quiconque par voie de presse incite à la xénophobie, à la rébellion ou porte atteinte à l’intégrité du territoire national".
La loi actuellement en vigueur ne pénalisait pas les délits de presse mais renvoyait au code pénal pour certaines infractions. Les organisations professionnelles militaient pour une dépénalisation totale.
A l’issue du conseil des ministres la semaine dernière, M. Koné avait longuement défendu le texte devant la presse assurant qu’il était plus "libéral" que le précédent et mettant au défi de trouver un seul point où il était plus répressif que l’ancien.
La presse ivoirienne est connue pour ses partis pris politiques très marqués et sa virulence, même si sa diffusion est limitée.
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M. Guillaume Gbato, Secrétaire général du Syndicat national de la presse privée de Côte d`Ivoire (SYNAPP-CI).