Abidjan- Le pouvoir et l’opposition ont repris le dialogue jeudi après deux mois de silence en Côte d’Ivoire, annonçant la libération dans l’après-midi de 150 prisonniers de la crise postélectorale de 2010-2011.
Le président du Front populaire ivoirien (FPI, le parti de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo) Pascal Affi N’Guessan et une délégation de cadres de son parti ont rencontré jeudi plusieurs ministres ivoiriens emmenés par Jeannot Kouadio Ahoussou, ministre auprès du président de la République chargé du dialogue politique.
"Le gouvernement a marqué sa volonté d’aller de l’avant, de travailler ensemble avec le FPI et les partis d’opposition", afin de trouver des "solutions définitives" au problèmes entravant la réconciliation, a observé M. N’Guessan.
"Des engagements forts ont été délivrés ce jour", comme la libération "dans les heures qui vont suivre" de "150 prisonniers politiques", s’est-il réjoui. "150 personnes vont être mises en liberté provisoire", a confirmé M. Ahoussou, qui a demandé en échange au FPI de "poser des actes forts pour consolider la paix" en "acceptant de lever solennellement" son "mot d’ordre du boycott des opérations du recensement" de la population.
"C’est un mot d’ordre pris par le comité central (du FPI). Nous allons lui en rendre compte. Il décidera", a répondu le président de la principale formation d’opposition, dont l’appel au "boycott massif" de l’enquête nationale est très suivi par ses militants.
La Côte d’Ivoire se remet progressivement d’une décennie de crise politico-militaire, dont les violences postélectorales de 2010-2011 constituèrent l’épilogue sanglant, lors duquel plus de 3.000 personnes ont péri.
Si le pays repart économiquement, avec une croissance de 9% ces trois dernières années, la réconciliation politique, fondamentale car la crise fut
avant tout politique, peine à se concrétiser.
Aïchatou Mindaoudou, représentante de l’ONU en Côte d’Ivoire, s’est ainsi félicitée jeudi de la reprise du dialogue politique entre les deux parties, qu’elle a qualifié de "preuve de responsabilité". La réussite de la prochaine élection présidentielle en octobre 2015 est ainsi impérative pour tous les acteurs impliqués en Côte d’Ivoire, afin d’apaiser définitivement le pays.
Mais si le chef de l’Etat Alassane Ouattara s’est déjà déclaré candidat à sa propre succession, le FPI, dont la présence au scrutin est nécessaire pour
que celui-ci soit exemplaire, laisse planer le mystère quant à sa participation. Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de deux ans à La Haye, en attente
d’être jugé par la Cour pénale internationale.
jf/aub
Affi N'guéssan, président du FPI