La sortie tonitruante de Soro Guillaume à Ferké, en ce début d'année 2019, peut faire illusion. Aux allures de bravade, elle est pourtant un appel à l'aide ou au secours maquillé.
Plus les années passent, plus l'oxygène politique se rarefie pour le président de l'Assemblée nationale qui tourne désormais en rond.
Beaucoup d'eau a, en effet, coulé sous les ponts. Soro n'est plus en odeur de sainteté. Le héros, hier adoubé dans la galaxie alassaniste, est tombé en disgrâce.
Le pouvoir ne le caresse plus donc dans le sens du poil: ses fidèles sont, soit limogés de l'administration, soit mis en quarantaine, soit simplement jetés en prison.
Pressé, Soro a eu le défaut de tous les jeunes qui savent courir sans savoir se cacher. Il a trop vite dévoilé des ambitions, somme toutes, légitimes. Or, en politique, qui tire le premier est généralement un homme mort.
Se surestimant, crushant et multipliant les voyages, il se voyait déjà le successeur d'Alassane Ouattara à la tête du RDR et de l'État.
Les inimitiés n'ont alors cessé d'aller grandissantes dans la Case. Aujourd'hui, il paraît cerné et encerclé. Ses actions, comme les messages de la capitale du Tchologo ou sa visite à Bédié en pleine crise avec Ouattara, sont provocation et baroud d'honneur. Et comme dans un sable mouvant, plus il s'agite, plus il s'enfonce.
Soro a échoué dans son OPA sur le RDR; il a fait fiasco aux municipales du 13 octobre 2018 en soutenant des listes indépendantes contre celles de sa coalition politique; soumis aux humeurs de Ouattara et pris à partie par des "gringalets", il n'a plus les instruments de l'État pour peser dans le débat ivoirien; les anciens groupes armés qui se reconnaissaient en lui, ont tous ou pour la plupart, été démantelés et mis hors d'état de nuire.
Tiénigbanani apparaît ainsi solidement tenu en laisse, et il le sait, dans les dossiers juridiques ivoiriens (rebellion armée et crise post-électorale), burkinabè (coup d'État de Gilbert Diendéré) et français (plainte de Michel Gbagbo) pour lesquels son salut vient de Ouattara.
Il n'est plus en position de force et danse sur des oeufs. Au bord de la crise cardiaque politique, il verse toutes les larmes de son corps pour éviter d'être sacrifié sur l'autel des antagonismes.
D'où l'image des trois cailloux nécessaires pour soutenir la marmite au feu (Ouattara, Bédié et lui) qu'il a utilisée pour espérer rester dans un jeu d'échec politique où nul ne veut faire de passe à l'adversaire.
Ferro Bally
Guillaume Soro