Côte d’Ivoire : Suspensions des mesures impopulaires, générosité ou manipulation ?

  • 04/05/2016
  • Source : Lebabi.net
Après les taxes douanières aéroportuaires sur les effets personnels, les mesures relatives à l’augmentation du coût de l’électricité et de renouvellement du permis de conduire ont été aussi suspendues par le Président Alassane Ouattara.

 En effet, à  l’occasion de la traditionnelle cérémonie de la fête  du travail, Alassane Ouattara qui avait, lors du dernier conseil des ministres en date du 27 avril, manifesté son mécontentement face à la grogne sociale, a profité du 1er mai pour alléger les souffrances de ses concitoyens.

 
La décision du Chef de l’Etat a été longuement ovationnée par l’assistance, qui l’a reçu comme une  véritable bouffée d’oxygène. Même si l’intention est louable, n’empêche qu’il  vient aussi de désavouer ses ministres.
 
"Pourquoi renouveler un permis qui n'a pas encore dix ans?", s’est interrogé Alassane Ouattara, qui en réalité s’adressait au ministre des Transports Gaoussou, qui ne devait pas bien être à son aise ce dimanche-là.
 
« Ce n’est pas moi, c’est lui qui a pris cette décision », peut-on se permettre de parodier les dires du Président. Le ministre des Technologies de l’information et de la communication (TIC) Bruno Koné, qui défendait bec et ongles les réalisations du Chef de l’Etat, et  assimilant  les « grogneurs » à un groupuscule de « 200 personnes » (Après sa sortie, le ministre avait dans une note indiqué que ces propos avaient été dénaturés), vient de mesurer le pouvoir de ces derniers. Leur plainte est montée jusqu’aux oreilles d’Alassane Ouattara qui a réagit en conséquent.
 
Cependant après toutes ces annonces, quand et comment les personnes qui ont déjà réglé leur facture d’électricité seront-elles remboursées ?
 
Comment l’Etat compte t-il contraindre la CIE qui n’accorde aucun délai aux consommateurs et qui interrompt la fourniture de courant sans état d’âme  à appliquer strictement cette nouvelle décision du Président de la République et à donner des explications publiques sur ces prélèvements abusifs de taxe ?
 
Manipulations ?
 
Tous ces évènements rappellent ceux de 2012. 
 
Le 1er août 2012, la mesure d`augmentation des frais d`inscription dans les universités publiques, connaissait une  suspension à l’issue d’un Conseil des ministres.
Le porte-parole du gouvernement Bruno Koné avait alors expliqué que  cette décision  visait à  "relever la qualité de l`enseignement ", par une participation partielle des étudiants.
Selon lui,  le Président "prenant en compte la situation actuelle de pauvreté du pays, a demandé que la mesure soit suspendue".
 
En effet, la hausse des frais d’inscription qui devait passer de 6000 à 50. 000 FCFA  avait été dénoncée d’abord par les syndicats estudiantins avant de rencontrer l’antipathie de la population.
 
Sans mépriser l’effort fourni par les autorités pour améliorer le quotidien des Ivoiriens, force est de constater que ses sempiternels volte-face inquiètent.
 
L’action de Faire et défaire les mesures ne  ressemble-t-elle pas à une sorte de manipulation ? 
 
Un jour on annonce une mesure. Si elle n’est pas contestée elle est maintenue.  Si des personnes courageuses montent au créneau pour dénoncer les abus, à travers un tapage dans les médias et sur les réseaux sociaux non sans avoir essuyer mépris et accusation de tout acabit  cette mesure est alors suspendue.
 
L’immobilisme des Ivoiriens habitués à sombrer dans un mutisme traditionnel est devenu un prétexte pour imposer toute sorte de lois fantaisistes. Il est temps que la population sorte de sa léthargie et lutte quand cela est nécessaire pour ses droits. 
 
MA