La Côte d’Ivoire, qui abrite la plus importante population de chimpanzés en Afrique de l’Ouest, va accueillir en juillet prochain un congrès international pour tenter de sauver ces grands singes menacés de disparition, ont annoncé mercredi à Abidjan les organisateurs.
Quelque 200 spécialistes mondiaux des primates doivent se réunir du 24 au 27 juillet à Abidjan, pour dénoncer "l’extinction amorcée" de ces primates en Afrique et "partager les expériences pour leur conservation à travers toute l’Afrique", a indiqué à l’AFP le Dr Inza Koné, directeur au Centre suisse de recherches scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS).
Cette première rencontre de spécialistes internationaux de ces primates organisée en Afrique vise aussi à "célébrer 30 ans de recherches sur nos cousins les chimpanzés, dont nous partageons 80% des gènes", a poursuivi M. Koné.
La population de chimpanzés en Côte d’Ivoire a chuté de plus de 90% en moins 20 ans, en raison de l’importante réduction du couvert forestier à cause de l’urbanisation et de la culture du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial.
La WCF, une organisation créée en 2000 pour protéger les dernières populations de primates vivant dans la forêt tropicale, a recensé moins de 2.000 chimpanzés actuellement en Côte d’Ivoire, contre 12.000 en 2002.
Ces chimpanzés sont également victimes de braconnage. En 2016, les Ivoiriens ont consommé 120.000 tonnes de "viandes de brousses" (gibiers) alors que la chasse au gibier est interdite dans ce pays, selon les chiffres du CSRS.
"Le chimpanzé est l’animal le plus proche de l’homme, il vit dans un territoire très large (25 km2) et peut parcourir 15 kilomètres", a souligné mercredi le professeur Bassirou Bonfoh, chercheur et directeur général du CSRS.
"Tout le long de son parcours, il mange, laisse des déchets et des graines qui poussent pour reverdir l’espace", a-t-il ajouté, soulignant la "valeur écologique" de ce grand singe.
En Côte d’Ivoire, la forêt jadis immense se réduit désormais à peau de chagrin: sa surface a été divisée par huit en un demi-siècle, passant de 16,5 millions d’hectares au moment de l’indépendance en 1960 à deux millions d’hectares aujourd’hui, selon les chiffres officiels. Elle occupe désormais moins de 13% du territoire national contre 78% auparavant.
Or, la disparition des forêts entraîne des dérèglements climatiques en provoquant une baisse des précipitations, pourtant essentielles à la bonne culture du cacao.
En 2009, le Liberia et la Côte d’Ivoire avaient annoncé la mise en place d’un corridor transfrontalier entre les deux grands blocs de forêt des parcs nationaux de Sapo (est du Liberia) et de Taï (ouest ivoirien et patrimoine mondial de l’Unesco), où vivent des populations importantes de chimpanzés.
Les blocs de forêts tropicales répartis le long de la frontière ont souffert notamment d’années de guerre civile au Liberia.
Côte d’Ivoire: un congrès pour sauver les derniers chimpanzés - Photo à titre d'illustration