Une marche d’industriels et de vendeurs de sachets plastiques a été, violemment, réprimée par la police, mardi, au Plateau, quartier administratif et d’affaires, au centre d’Abidjan, faisant plusieurs interpellations et de quelques blessés dans les rangs des manifestants.
Les manifestants qui protestaient contre la suppression des sachets plastiques, environ, quelques centaines de personnes, pour la plupart, de jeunes gens et filles, entendaient occuper la Primature, le temps d'un sit-in pour porter leurs préoccupations devant le Premier ministre Daniel Kablan Duncan.
Avec des banderoles ‘' nous ne voulons pas mourir de faim'' ou ‘' l'émergence ce n'est pas supprimer 150 000 emplois'', les manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par la police, massivement, déployée dans les rues du Plateau, pour arrêter la progression de la marche vers la Primature.
IL s'en suit, alors une course-poursuite entre manifestants et policiers. Ces derniers ont procédé à l'interpellation de plusieurs marcheurs conduits à la préfecture de police. Salif Konaté (34 ans) grièvement blessé, saignant abondamment, a été conduit par ses camarades dans un centre sanitaire.
‘' Parce que je proteste contre la suppression de mon gagne-pain, on vient me brutaliser avec une rare violence'' lâche-t-il, ensanglanté.
‘' Si c'est cela l'émergence, c'est que le pays est très loin. Avec la suppression de la production et de la commercialisation des sachets plastiques, c'est environ 150 000 emplois directs et indirects supprimés'', fulmine, pour sa part, Abdoulaye Coulibaly, tenant le blessé, pour le conduire dans une clinique pour des soins.
Pour Hervé Doumbia, ‘' on ne peut promettre des emplois lors de la campagne électorale et supprimer les existants sans une alternative pour les travailleurs de ce secteur. A moins que qu'on ne veuille nous amener à la famine''.
L'interdiction de la production des sachets plastiques est entrée en vigueur le 8 novembre dernier pour combattre la pollution des déchets en plastique en Côte d'Ivoire, après un décret pris en mai 2013 portant ‘' interdiction de la production, importation, commercialisation, détention et utilisation de sacs plastiques'' sur toute l'étendue du territoire ivoirien.
"Nous ne voulons pas mourir de faim. Nous nous sommes rassemblés pour protester contre la mesure inopportune et mal calibrée de l'interdiction de l'utilisation des sachets plastiques", a déclaré à la presse Gervais Ekoun, le président du syndicat des producteurs d'eau agréés de Côte d'Ivoire, revendiquant 184 sociétés.
Selon lui, cette interdiction va entraîner une perte 6 milliards F CFA d'investissement et près de ‘' plusieurs centaines de milliers d'emplois'' ajoutant que ‘' notre protestation va se poursuivre jusqu'à ce que le gouvernement à défaut de retirer ce décret, trouve une alternative''. Les sachets plastiques sont utilisés dans la vente d'eau en Côte d'Ivoire, par des jeunes gens et filles.
Pour les autorités ivoiriennes, cette mesure comporte un aspect de protection de la santé.
‘' Ce n'est pas une décision pour faire plaisir au gouvernement et à la communauté internationale mais il s'agit de protéger nos populations'' a déclaré, le ministre de la Poste et des technologies de l'information et de la communication, Bruno Nabagné Koné, également, porte-parole du gouvernement, à l'issue d'un conseil des ministres présidé, mardi, par le Président Ouattara.
‘' Il y a une solution alternative. Il faut que nous nous imposions l'application de ces mesures'' a ajouté M. Koné, contestant le chiffre de ‘' 150 000 emplois perdus'' annoncé par les manifestants.
Selon le porte-parole du gouvernement, la réalité est loin de ce chiffre.'' Il s'agit de quelques centaines de personnes qu'il est possible de reconvertir dans la production de d'autres types d'emballages'', a-t-il précisé.
HS/ls/APA
© AFP par ISSOUF SANOGO / Plusieurs manifestants qui protestaient contre la mesure d’interdiction de sachets plastiques ont étés dispersés par les Forces de l’Ordre.