Au moment où les mutineries relèvent presque du quotidien en Côte d’Ivoire et que le régime Ouattara semble impuissant devant une situation volatile, la mission onusienne dans le pays estime qu’il n’y a pas péril en la demeure. Cette position de l’Onuci reste difficile à comprendre dans le contexte ivoirien actuel.
« Les mutineries ne sont pas le symptôme d'un manque de stabilité. La stabilité et la sécurité sont de retour en Côte d'ivoire. Les mutins réclament des primes mais ils ne remettent pas en cause les institutions » a indiqué à BBC, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire, Aïchatou Mindaoudou. Elle considère que c'est parce que les mutineries se déroulent dans un pays qui a connu la guerre que cela prend de l'ampleur.
Mais à l’analyse, l’on constate aisément que la situation est loin d’être ce que peint la diplomate onusienne. En effet, nul n’est censé ignorer la volatilité de la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire à l’heure actuelle. Débutée de façon anodine à Bouaké, dans le centre de la Côte d’Ivoire, la mutinerie des ex-rebelles, réclamant des primes, n’a pris fin qu’avec le début de satisfaction de leurs revendications, via une première tranche de 5 millions de FCFA.
Ce geste du pouvoir à l’endroit des mutins de la première heure a donné lieu à des frustrations chez les autres composantes de l’armée régulière qui mutinent à tour de rôle depuis quatre semaines. Le mode opératoire est resté le même : des soldats, armes automatiques au poing, tirant des rafales en l’air et fermant toutes les issues des artères principales de la ville abritant leurs garnisons.
La conséquence immédiate est une psychose générale chez une population qui revit très mal les souvenirs de la crise militaire de 2002 à 2011 dans le pays. Les commerces aussi restent fermés, causant un manque à gagner à l’économie ivoirienne. Si le président a pu effectuer des « acrobaties budgétaires » pour satisfaire les premiers mutins, il n’en est pas de même pour les vagues suivantes, pour lesquelles, le régime a montré ses limites. Les soldats menacent de mutiner jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. La situation reste bien volatile dans le pays...
la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire, Aïchatou Mindaoudou et le SG de l'ONUCI