Après avoir connu une hausse continue ces quatre dernières années, le prix minimum aux producteurs de cacao connaîtra-t-il une diminution pour le compte de cette saison intermédiaire qui s’annonce en avril ? C’est ce qu’a laissé entendre le Conseil du café-cacao (CCC) dans son récent message adressé aux producteurs ivoiriens.
« En octobre, le prix à Londres était de 1 700 F CFA mais aujourd’hui il est à 1 200 F CFA. Cette situation fera que le prix au producteur de la campagne intermédiaire va aussi diminuer.», indique l’autorité de régulation du secteur.
Si elle n’apporte pas de détails sur le nouveau prix qui sera en vigueur, le CCC assure toutefois qu’il sera équivalent à 60 % du prix actuel à Londres. Cette annonce de la baisse de la valeur du prix au producteur (1 100 fcfa/kilogramme) par le CCC peut être perçue comme une mesure d’adaptation du plus gros producteur mondial aux tendances du marché international.
En effet, comme le prédit l’Organisation internationale du cacao (ICCO), le stock mondial du cacao connaîtra, cette saison, un surplus de 264 000 tonnes de cacao en raison de la baisse de la demande mondiale.
Cet excédent devrait nourrir la tendance baissière enregistrée ces derniers mois. Le prix de la tonne de cacao a déjà chuté, le 2 mars dernier, à 1 869 $, soit son niveau le plus bas jamais enregistré depuis 9 ans et demi.
Si, sur le plan mondial, la baisse du prix apparaît comme une nécessité, elle trouve une résonnance plus particulière au niveau local. En abaissant le prix au producteur, la Côte d’Ivoire espère apaiser les exportateurs locaux et limiter les risques de survenue d’une nouvelle vague de défauts de paiement, durant la campagne intermédiaire.
En effet, la campagne principale qui s’achèvera, dans quelques jours, a enregistré des défauts de paiement des contrats d’exportation portant sur 350 000 tonnes de cacao. Ce défaut de paiement qui est le premier du genre depuis l’avènement du système de vente par anticipation en 2012, a été le résultat de la hausse surprise du prix au producteur, alors de 1 000 FCFA pour la campagne 2015-2016.
Surpris par cette augmentation dans un contexte mondial déjà plombé par la baisse de la valeur du cacao, les exportateurs locaux ont été très tôt confrontés à un fort risque d’insolvabilité de leurs contrats d’exportations.
Face à cette crise de liquidités, les opérateurs locaux se sont tournés vers les banques pour une hausse de leur financement. Cette initiative infructueuse, associée à la baisse continue des cours, les a conduits au non-respect de leurs engagements auprès du CCC.
Globalement, cet épisode aura vu le CCC enregistrer, d’après Bloomberg, une perte sans précédent de 320 milliards de FCFA.
Espoir Olodo
Côte d’Ivoire : vers une baisse du prix minimum aux producteurs de cacao ?