Le phénomène de coupeurs d’ongles ambulants gagne du terrain à Abidjan, la capitale économique ivoirienne où cette activité lucrative, aux mains des ressortissants nigériens, nourrit son homme.
Yssouf, la trentaine largement entamée et suant à gouttes, indicatif du parcours effectué, en sillonnant les artères d’Adjamé, commune au Centre d’Abidjan, est en quête de clients.
Il a sur lui, une dizaine de paires de ciseaux, un liquide moussant, un chiffon en mousse et une serviette de fortune. C’est son matériel de travail pour le métier de coupeurs d’ongles qu’il exerce depuis 2005.
« A cette date, j’exerçais dans un magasin comme aide-vendeur. A la faveur de la crise de 2004, je suis resté sans emploi après le pillage du magasin. C’est ainsi qu’un compatriote m’a acheté trois paires de ciseaux pour rentrer dans le métier de coupeurs d’ongles », raconte-t-il.
Ce métier, selon Yssouf, requiert beaucoup de sang- froid et de dextérité.
« N’importe qui ne peut pas se promener pour couper les ongles aux passants. Nous apprenons, au pays (Niger) à se servir des armes blanches tels les ciseaux, les couteaux…pour nettoyer les ongles. C’est une tradition » poursuit-il, en maître avisé.
« Pour nettoyer les ongles des deux mains, le client débourse 50 FCFA. Avec les pieds, cela coûte 100 FCFA.
Parfois des clients généreux payent le double vu la qualité du service » se réjouit, pour sa part, Oumarou, coupeur d’ongles, depuis 2000.
Chaque paire de ciseaux a sa fonction. Par exemple la plus grande est utilisée pour couper les ongles « rebelles » ou dures. Les plus petites et les pieds de biche servent à racler les bouts d’ongles pour les polir après avec une limette.
« Le liquide moussant constitué d’eau et de savon liquide est utilisé pour laver les ongles avant de les couper puis après on passe le même liquide pour nettoyer les impuretés », explique Oumarou.
Tous les deux s’accordent à dire ne pas se plaindre, car, il n’y a pas de sot métier.
« On peut faire des recettes journalières de 2000 à 3000 FCFA », révèle Yssouf, soulignant que le gain est fonction de l’endurance. « Plus tu te promènes, plus tu te fais des clients », ajoute-t-il.
Si beaucoup de personnes se prêtent à cette façon de « pédicure et manucure » pour le coût de la prestation, elles apprécient, également, la qualité du travail.
« Moi, je ne vais pas dans les salons de beauté coûteux. Avec ces coupeurs d’ongles ambulants, on gagne du temps et c’est bien nettoyé. En cinq minutes, le gars te nettoie les mains et les pieds », fait remarquer Daniel Koffi.
« Il n’y a pas de risques de contagion. Car, si par mégarde, il te taillade la peau, il a un aseptisant pour désinfecter la partie.
Dans tous les cas, c’est rarissime ce genre de blessures. Ils maitrisent bien leur sujet », renchérit Yacouba Dosso, un adepte de ces « pédicures ».
Avec des gains substantiels de 3000 FCFA par jour, Yssouf dit qu’il gagne, nettement, mieux que dans le magasin où il exerçait avant la crise de 2004.
« Mon objectif est d’ouvrir un petit salon pour continuer ce métier. Car, marcher sous le soleil ardent me rend souvent malade », indique-t-il.
A la faveur de la fête musulmane de la Tabaski, qui sera célébrée mardi en Côte d’Ivoire, Yssouf compte faire de bonnes recettes.
HS/ls/APA
Coupeurs d’ongles ambulants, le métier nourrit son homme - Photo à titre d'illustration