Laurent Gbagbo n'est pas sorti de prison. Au grand dam de ses partisans, qui avaient annoncé sa libération avant l'heure.
A l'issue de l'audience qui a statué sur sa énième demande de mise en liberté provisoire, les juges de la Cour pénale internationale (Cpi) ont majoritairement rejeté les dix arguments avancés par sa défense. Conséquence : les valises de Gbagbo resteront encore pour quelques jours, voire pour plusieurs mois, rangés dans un coin de la prison de Scheveningen à La Haye.
Comme les autres fois, où sa demande de libération conditionnelle a été rejetée, les juges ont avancé les mêmes raisons : il y a des risques que le prévenu se soustraie aux poursuites judiciaires en prenant la fuite, les faits dont on l'accuse étant d'une telle gravité qu'il pourrait encourir de lourdes peines au cas où il serait reconnu coupable.
Depuis le début, ce sont ces mêmes raisons qui ont motivé la décision de la Cpi de réfuter la demande de libération provisoire à Gbagbo et donc prolonger son séjour en prison. Cette fois, on avait pensé que les choses auraient changé suite au demi-revers essuyé par la procureure Fatou Bensouda à l'audience du 3 juin. Ce jour-là, les juges avaient majoritairement estimé insuffisantes les preuves de l'accusation, ce qui ne permettait pas de confirmer les charges qui ont été retenues contre le prévenu.
Fort de ce rebondissement, jugé plutôt favorable à Gbagbo, ses partisans s'étaient pris à rêver de sa libération, ne serait-ce que provisoire. Que non ! Cette fois pourtant, ils avaient de bonnes raisons d'y croire, d'autant qu'une folle campagne médiatique avait pratiquement annoncé sa libération avant l'heure. On imagine donc que grosse a été la déception des inconditionnels de l'ancien chef de l’État.
Selon la correspondante de France 24 à La Haye, les nombreux pro-Gbagbo qui s'étaient massés dans les environs, ont fondu en larmes à l'annonce du verdict. Une ambiance de deuil d'autant plus compréhensible que ces pro-Gbagbo avaient été dopés par l'illusion de son imminente libération, entretenue par une certaine presse se réclamant de ses idéaux.
Après cette cinglante déconvenue, faut-il encore croire à cette libération provisoire, qui s'apparente de plus en plus à un serpent de mer ? On est tenté de répondre par la négative, vu que les raisons invoquées par les juges pour maintenir Gbagbo en prison sont toujours les mêmes.
Au train où vont les choses, autant dire qu'il y sera détenu jusqu'à la confirmation ou non des charges retenues contre lui par la procureure de la Cpi. Il n'empêche, ceux qui tirent parti de ses malheurs continueront de surfer sur sa probable libération conditionnelle...pour vendre du papier et bercer d'illusion les indécrottables partisans de Gbagbo.
Assane NIADA
Cour pénale internationale: Faut-il encore croire en cette liberté provisoire ? - Photo à titre d'illustration