La remise en liberté provisoire de l’ancien vice-président congolais, Jean-Pierre Bemba, par la Cour pénale internationale (CPI), continue de susciter de vives réactions aussi bien dans les milieux politiques internationaux qu’au sein même de l’institution judiciaire.
Ainsi suite à l’acquittement de Jean-Pierre Bemba et sa remise en liberté provisoire ordonnée par les juges de la chambre d’appel de la CPI, la procureur Fatou Bensouda a marqué sa déception et a critiqué le verdict des juges. Histoire de dire qu’elle n’est pas d’avis avec cette décision qui, non seulement met à mal la crédibilité de son institution, mais aussi met en liberté un de ses plus gros prisonniers politiques poursuivi pour des charges de « crimes de guerre » et de « crimes contre l'humanité ». Aussitôt a-t-elle réagi que le président de la Cour s’est lui aussi fendu d’un communiqué dans lequel l’homme de droit semble rappeler à la procureure l’indépendance des juges quant-à la prise des décisions de justice.
« Il me paraît important de rappeler et de souligner certains principes fondamentaux qui sous-tendent le fonctionnement de la Cour. Les jugements et les décisions des juges de la Cour seront toujours pris conformément au principe fondamental de l'indépendance judiciaire, conformément à l'engagement solennel pris par chaque juge d'exercer ses fonctions « en tout honneur et dévouement, en toute impartialité et en toute conscience », comme l'exigent l'article 45 du Statut de Rome et la règle 5 du Règlement de procédure et de preuve », a-t-il rappelé. Le presprési de la Cour ajoutera que lorsque les juges ‘’acquitteront ou condamneront’’, c'est parce que ces principes fondamentaux les y obligeront.
Et il est à espérer que ces principes fondamentaux guident toute déclaration faite suite à un jugement par une partie ou un participant à l'affaire - qu'il s'agisse du Procureur, de la Défense ou du Conseil des victimes. « Alors que la haute direction de la CPI continuera à s'efforcer d'appliquer le principe de « Cour unique » dans les questions purement budgétaires et administratives relevant de la compétence de la Cour, il est important de souligner que ce principe ne concerne pas les fonctions et responsabilités du Procureur et celles du pouvoir judiciaire. Celles-ci doivent rester des fonctions séparées et indépendantes », a insisté le président de la Cour dans une déclaration publiée sur le site internet de la CPI.
Comme quoi la libération de Jean Pierre Bemba divise déjà les principaux animateurs de la CPI. Qu’en sera-t-il des cas de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, eux aussi poursuivis pour les mêmes faits ? Seul l’avenir nous situera.
David YALA
CPI/ Après la libération de Bemba: Palabres entre la procureure Fatou Bensouda et les juges, Gbagbo et Blé Goudé menacés?