Suite du procès devant la Cour pénale internationale, de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. L'ex-président ivoirien et l'ancien leader du Congrès des jeunes patriotes sont poursuivis pour crimes contre l'humanité commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011.
Depuis la semaine dernière, la défense tente de convaincre les juges d'acquitter les deux responsables politiques. Ce matin encore, les avocats de Charles Blé Goudé se sont intéressés à un aspect : ses discours.
C'est un aspect important du dossier de l'accusation. Le procureur soutient que les discours prononcés par Charles Blé Goudé pendant la crise ont attisé les violences. Selon Eric MacDonald, ces allocutions, même implicites, avaient un effet et incitaient à la violence, vu le contexte de tensions.
Plusieurs témoins ont notamment fait état de violences le 25 février tôt le matin, dans le quartier de Yopougon : bus incendié, clash entre habitants de deux quartiers voisins. Pour le procureur, ces échauffourées sont le résultat d'un « discours incendiaire » de Charles Blé Goudé au cours d'une réunion tenue ce jour-là au Baron Bar.
Eric MacDonald s'appuie sur deux extraits de l'allocution du leader des Jeunes patriotes. Son analyse : il s'agit d'un appel à la violence, bien que ces messages ne contiennent pas de mot d'ordre « explicite » selon ses mots.
Tout l'enjeu pour les avocats de Charles Blé Goudé, c'est de démonter cet argument. Et c'est sur le ton de l'absurde qu'ils abordent cette question. « Comment peser la force des messages de Blé Goudé ? Comment interpréter ces messages ? », s'interroge pêle-mêle Me Alexander Knoops. L’avocat dénonce, avec ironie, un « exercice arbitraire ». Selon la défense, le procureur n'a pas pu présenter de témoin, qui affirment avoir commis des violences après avoir écouté de présumés « mots d'ordre » prononcés par Charles Blé Goudé.
Mauvaise interprétation va même jusqu'à rétorquer la défense : Charles Blé Goudé met clairement en garde contre les risques d'une guerre civile. « Il y a eu des discours d’ouverture ici où l’on a dit qu’on allait vous faire la preuve que M. Blé Goudé appelait à la haine, pour nous dire quatre ans après le transfert de Charles Blé Goudé ici, qu’on n’a pas de formule explicite d’appel à commettre des actes violents ! Ce n’est pas acceptable », s’emporte Me N’dri Claver.
Charles Blé Goudé écoute avec attention cet argumentaire. Il rejette cette image de milicien que lui attribue le procureur. A travers cette audience, il espère que ses avocats convaincront les trois juges que ses messages étaient des appels à la non-violence.
CPI: la défense de Blé Goudé conteste les accusations sur ses discours - Photo à titre d'illustration