La sonde Messenger, en orbite autour de Mercure depuis quatre ans et à court de carburant, va finir son existence aujourd'hui en percutant la planète.
À la différence du vaisseau cargo Progress dont la Russie a perdu le contrôle (voir page 10), c'est dans une chute parfaitement programmée que va se terminer l'existence de la sonde Messenger, ce jeudi sur Mercure. Une descente fatale effectuée à 3,91 km/s, dont l'impact devrait creuser un cratère d'au moins 16 m de diamètre, a-t-on calculé à la Nasa.
Un feu d'artifice final causé par l'épuisement total du carburant embarqué à bord de la sonde.
Mercure est la planète la plus proche du soleil, de deux à trois fois plus proche que la Terre, suivant la période de l'année. Elle est aussi beaucoup plus petite, à peine 4 879 km de diamètre, contre 12 742 km pour la Terre. Autre particularité, elle présente toujours la même face au Soleil, ce qui veut dire que les températures y sont extrêmes, allant de 400 °C à - 220 °C dans les zones les plus obscures des pôles !
De grandes quantités de glace
La conquête spatiale s'est peu intéressée à Mercure. Messenger, en orbite autour de la planète depuis 2011, après un voyage de sept ans, n'est que la deuxième sonde à l'avoir étudiée. La première était Mariner 10 qui, en 1974 et 1975, avait cartographié la moitié de l'astre. Les informations recueillies ont été largement complétées par la mission Messenger, qui a réussi à durer beaucoup plus longtemps que prévu : cinq ans au lieu d'un seul. Du coup, au lieu des trois pauvres passages au-dessus de Mercure qu'avait réussi à accomplir Mariner 10, Messenger a effectué 3 308 orbites, expédiant près de 256 000 photos sur Terre ! Elle ne s'est pas contentée d'expédier des clichés : « Des mesures géochimiques ont trouvé une surface pauvre en fer, mais riche en éléments modérément volatils, comme le soufre et le sodium », explique-t-on à la Nasa. Autre découverte, « les observations de Messenger ont montré que la surface de Mercure a été modelée par l'activité volcanique, et confirmé la présence de grandes quantités de glace d'eau protégées de la chaleur du Soleil par l'ombre permanente de cratères, près des pôles ».
Après le crash de Messenger, Mercure retrouvera sa tranquillité, au moins pour une dizaine d'années. La prochaine mission sur place, BepiColombo, ne doit en effet décoller qu'en 2017, si tout va bien, et n'arriver que sept ans plus tard. Il s'agit d'un projet commun entre l'Agence spatiale européenne (ESA) et son homologue japonaise (Jaxa). La sonde embarquera deux machines à bord : l'orbiteur MPO, fabriqué par l'Europe, aura pour mission principale « l'étude de l'intérieur et de la surface de la planète Mercure », détaille l'ESA ; et un deuxième orbiteur, MMO, fruit de la technologie nippone, qui étudiera notamment le champ magnétique ou les ondes et particules situées dans l'environnement immédiat de la planète.
Crash sur Mercure - Photo à titre d'illustration