Elle devait être une rencontre d’échanges entre un aîné et ses jeunes frères. Elle s’est révélée être un exercice de vérité, où les seconds ont craché au premier, tout ce qu’ils avaient sur le c?ur. Samedi dernier, à son domicile situé à Cocody-Riviera Attoban, le ministre de la Poste et des TIC et cadre du RDR, Bruno Koné a reçu une délégation du Rassemblement des Jeunes Républicains, conduite par son vice-président Ben Sylla. Pour l’occasion, il avait convié à cette réception, outre son chef de cabinet Mme Sali Dembélé, d’autres cadres du RDR, dont le porte-parole Joël N’guessan et Lemassou Fofana.
L’objectif, a précisé d’entrée le ministre Bruno Koné, est de « vous rencontrer pour qu’on puisse échanger en frères, se parler des préoccupations du pays ». Pour lui, il a fallu un combat pour que les choses changent. « Ce qui s’est passé, est passé. L’important, c’est ce qu’il y a devant. La situation aurait pu être pire. C’est cela qu’il faut comprendre », a ajouté le ministre Bruno Koné.
A ses yeux, la Côte d’Ivoire a la chance d’avoir un président qui a su normaliser les choses en deux ans. « Les gens oublient cela et surtout qu’il y a eu 10 ans de destruction. Si le rebond est difficile, c’est parce que les ressorts sont cassés », a-t-il fait comprendre. Toutefois, a reconnu le ministre Bruno Koné, « nous sommes sur la meilleure voie qui aurait pu être. Toutes les fondations sont en train d’être mises en place, y compris au niveau même de l’esprit de l’Ivoirien ». Il reste surtout persuadé que si on ne change pas l’esprit, ce qui s’est passé risque de se reproduire. Le ministre Koné a aussi noté que les relations entre les partis politiques, le repositionnement de la Côte d’Ivoire sur le plan diplomatique sont en train de s’améliorer. S’agissant de la création d’emplois, Bruno Koné a fait savoir qu’il n’y avait pas de recul par rapport à ce qu’avait promis le chef de l’Etat. A ses visiteurs, il a rappelé que la jeunesse est le c?ur des partis politiques. « Ce c?ur ne doit pas s’affaiblir. S’il s’affaiblit, c’est l’ensemble du parti qui connaît une faiblesse », a-t-il estimé, tout en admettant que la préoccupation principale qui ressort, chez ces jeunes, est « une petite déception ». Elle vient, à l’en croire, de « l’écart entre ce qu’on attendait et ce qu’on a ». Et le ministre Bruno Koné de s’interroger : « Est-ce qu’on n’a pas été trop euphorique ? Est-ce qu’on a été réaliste ? ». Pour celui qui est le porte-parole du gouvernement, il faudrait que chacun revienne sur des « choses plus réalistes », même s’il l’a avoué, « le parti et ses cadres sauront faire des choses ». Mais, précisera M. Koné, « le combat politique est un chemin et non un point », avant de faire comprendre à ses jeunes frères qu’ils représentent l’avenir du pays.
A sa suite, Ben Sylla, vice-président du RJR, a souhaité que ce genre de rencontres se multiplie pour que « la direction (du RDR) sache dans quel état d’esprit se trouve la base ». Puis, place a été faite aux échanges. Une opportunité que les jeunes Républicains ont saisie pour crier leur, parfois avec un ton assez dur, leur colère contre la direction du RD et avec elle, le pouvoir. On retiendra de leurs coups de gueule, qu’ils déplorent le fait d’avoir été oubliés après la lutte. Ils ont fait savoir au ministre Koné Bruno que beaucoup d’entre eux ne travaillent pas, pour ne pas dire qu’ils ne font rien. Et bien plus, les cadres du RDR ne prennent plus, la plupart d’entre eux, au téléphone. Ils se sont également insurgés contre la récente libération provisoire des pro-Gbagbo, qu’ils considèrent comme une injure à la mémoire des nombreuses victimes de la crise postélectorale.
Face à ce flux de récriminations, le porte-parole du RDR, le ministre Joël N’guessan est monté au créneau pour apaiser les uns et les autres. « Ne tuez pas les fruits de votre lutte », a-t-il plaidé, avant d’enchaîner : « Je fais partie d’un comité qui réfléchit à toutes ces questions. Le Président de la République a une prise de conscience réelle de ce dont vous êtes en train de parler. Nous devons créer les mécanismes d’insertion durable et non d’insertion précaire. Le Président Ouattara est dans les détails pour tous ces sujets. Ce qui veut dire que ça le préoccupe. Le gouffre était profond quand nous sommes arrivés au pouvoir. Soyons patients ».
Ensuite, le ministre Bruno Koné est revenu sur la précarité de la situation dans laquelle, le pays se trouvait. A l’en croire, au niveau de la Fonction Publique, on ne peut plus recruter parce que, a-t-il expliqué, « là où la moyenne de l’effectif fait 35% de la masse salariale ; nous sommes à 50%. Le niveau a donc été explosé. C’est la raison pour laquelle, les concours sont suspendus ».
Pour ce qui est de la mise en liberté des partisans de l’ex-chef de l’Etat, le ministre Bruno Koné a demandé aux jeunes du RDR de faire confiance au Président Ouattara. Enfin, il leur a conseillé de s’imposer aux cadres de leur formation politique.
Y. Sangaré
Création d’emplois pour les jeunes, libération provisoire des pro-Gbagbo - Bruno Koné aux membres du RJR : “Faites confiance au Président Ouattara” - Photo à titre d'illustration