Le ministère de l’Économie et des Finances s’est prononcé officiellement, le 8 février 2017, sur le phénomène à travers un document adressé à la presse.
Le modèle économique mis en oeuvre par les promoteurs d’agrobusiness, encore loin d’être cerné par les autorités du pays, présente des facteurs de bouleversement de l’environnement financier national. C’est en substance ce que dit le document publié par le ministère de l’Économie et des Finances, le 8 février, sur la question.
« Au plan financier, l’agrobusiness deviendrait une menace pour les établissements financiers. L’existence des projets agrobusiness faisait des initiateurs de ses projets de redoutables concurrents déloyaux pour la vingtaine de banques commerciales.
Les bénéfices hors norme promis par les sociétés d’agrobusiness ont suscité des soupçons de la part de l’État. Ces soupçons seront certainement confirmés avec le résultat définitif des investigations en cours », écrit le ministre de l’Économie et des Finances.
Par ailleurs, le gouvernement s’inquiète de la nature de ce nouveau business et doute de la sincérité des promoteurs. « Cette offre d’affaire ne correspondait à aucun modèle connu (…) L’économie ivoirienne pourrait subir un choc provoqué par l’écroulement de l’agrobusiness.
En effet, selon le rapport partiel des investigations diligentées par le gouvernement, ce sont 60 milliards qui sont investis par les souscripteurs. La perte de ce montant pourrait créer un problème systémique dans l’économie », souligne le document du ministre Adama Koné.
D’après le ministre de l’Économie et des Finances, les résultats partiels de l’enquête qu’il a ordonnée n’ont pas réussi à démontrer la viabilité de l’agrobusiness. « Ce business qui semble utiliser les méthodes du marché financier est loin de ressembler à un modèle connu.
En effet, aucun produit financier ne peut garantir un résultat aussi important dans les mêmes délais. Sur le marché financier mondial, les taux d’intérêt règlementaires les plus élevés dépassent rarement 10%, quelles que soient les garanties qui accompagnent.
La dernière opération d’émission des obligations du Trésor public en 2016 proposait un taux d’intérêt de 6,5% », soutient le gouvernement. Qui rappelle que la loi bancaire de 2009 stipule que les opérations de collecte de fonds pour des investissements sont exclusivement réservées aux banques et établissements financiers.
À ce titre, ces entreprises doivent initialement se procurer un agrément leur attribuant ce statut spécial. En outre, la déclaration ministérielle accuse les promoteurs de violation du règlement 009/2010/CM/UEMOA relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’Uemoa.
Lequel dispose que toute transaction financière entre une personne physique ou morale de l’Union et une autre hors de cette zone doit transiter par la Bceao. « Cependant, des souscriptions sont enregistrées (hors Uemoa) ainsi que des paiements de Rsi, en violation de cette norme régionale », dénonce Adama Koné.
Le ministre de l’Économie et des Finances réaffirme la décision du gouvernement de procéder lui-même, par délégation, au remboursement des capitaux des souscripteurs.
Pour l’heure, le gouvernement attend les résultats définitifs des investigations qu’il a diligentées. Mais, il a tenu à rassurer les souscripteurs, par la voix de son porte-parole, en ces termes : « Les autorités ivoiriennes mettront tout en oeuvre pour permettre aux souscripteurs de rentrer, dans la mesure du possible, dans leurs fonds et récupérer leur épargne ».
La crise de l’agrobusiness empoisonne, depuis quelque temps, le climat socioéconomique. Les souscripteurs qui disent être plus de cent mille ont pris le parti des sociétés d’agrobusiness dans le combat qui les opposent au gouvernement et l’accusent de les sacrifier au profit de l’intérêt des banques.
Autre presse
image d'illustration