Ils sont plusieurs (près de 40 000) ceux qui, succombant à l’appât du gain, ont injecté leurs capitaux dans ce qu’ils croyaient être l’affaire du siècle.
Une affluence de capitaux qui a grandement aidé à dissimuler tout le montage qui permettait aux sociétés d’agrobusiness de payer des retours sur investissements (RSI) variant de 300% jusqu’à 1000% de l’investissement initial.
A ce jour, et ce malgré les conclusions accablantes de l’étude réalisée dans cette filière et qui incriminent ces sociétés, ils sont encore plusieurs parmi le peuple, à croire à une conspiration montée de toutes pièces par le FMI, la BCEAO et les banques ivoiriennes pour empêcher l’éclosion d’une classe moyenne en Côte d’Ivoire. Qu’en est-il réellement?
De la responsabilité de l’Etat
Pour le citoyen lambda, c’est à l’Etat, en tant que régulateur de l’environnement des affaires en Côte d’Ivoire, qu’incombe la responsabilité d’établir les règles en la matière et de veiller à leur respect scrupuleux. Il trouve donc curieux, que ces sociétés qui ont bel et bien fonctionné dans la légalité (puisque possédant des agréments délivrés par les agences étatiques), soient aujourd’hui poursuivies par l’Etat et ce, après plus de huit ans d’exercice pour certaines d’entre elles.
D’ailleurs, le principal grief des populations à l’égard du gouvernement est son manque de réactivité criard. Le fait que l’une de ces sociétés (Monhévéa.com en l’occurrence) ait sponsorisé la Journée Nationale de Valorisation de l’Agriculture (JNVA) en 2016, demeure dans la mémoire collective. Le ministre Ahoussou Kouadio Jeannot n’avait d’ailleurs pas hésité à récompenser son DG, Monsieur Yapi.
Ainsi, les interrogations sur la manière dont ce partenariat s’est noué vont bon train et demeurent sans réponses. Tout ceci, fait le lit des partisans de la théorie du complot, car comment comprendre que celui que l’on trouve assez digne pour être affiché aux côtés de l’Etat, soit devenu un escroc qu’il faut bannir du monde des affaires alors que ses activités n’ont pas changées depuis lors ?
La transparence engendrant la confiance, l’Etat gagnerait certainement à s’expliquer sur son rôle dans cette affaire pour qu’elle ne s’envenime pas plus qu’elle ne l’est à ce jour et que les populations regagnent confiance dans son action.
Les épargnants ivoiriens ne comprennent pas cette volte-face, d’autant plus qu’ils voient dans l’action du gouvernement un obstacle les empêchant d’accéder à la fortune promise par ces sociétés d’agrobusiness qui versaient les RSI depuis 2008. Ils y voient juste un moyen délibéré pour fermer l’ascenseur social aux classes sociales les plus démunies de la population. Pour certains, ils avancent même qu’il n’y a rien à reprocher à ces sociétés sinon que leur réussite ne serait pas au goût du FMI, de la BCEAO et du système bancaire ivoirien.
Indices d’un montage à la Ponzi
Il faut tout de même s’étonner du fait que les souscripteurs des sociétés d’agrobusiness ne s’en prennent qu’à l’Etat de Côte d’Ivoire, même s’il y a beaucoup à lui reprocher.
Pour écarter définitivement la thèse selon laquelle ces sociétés se sont effectivement adonnées à l’agriculture pour engendrer tous leurs capitaux, une simple analyse des contrats signés au versement des sommes d’argent, suffiraient. En effet, le souscripteur investit une somme d’argent en échange d’un champ clé en main, dont la production et la vente sont assurées par lesdites sociétés.
Le problème est que, de la bouche du DG de Monhévéa.com, précurseur de ce « business », l’on a appris avec stupéfaction que les revenus qui étaient reversés aux souscripteurs, provenaient non pas uniquement de l’exploitation de ces fameux champs mais de placements réalisés dans le milieu du BTP et dans bien d’autres domaines....
Photo d'archives à titre d'illustration