Plus de deux ans après sa mise sur pied, la cellule spéciale d'enquête est sur le point de boucler ses investigations. D'ici au mois de décembre, cette structure chargée du volet judiciaire des enquêtes sur la crise post-électorale, mettra en effet un point final à sa mission.
C'est en tout cas ce qu'a révélé le procureur de la République, Richard Cristophe Adou, au cours d'un entretien diffusé sur Onuci.fm, hier jeudi 10 octobre. Placée sous tutelle du ministère de la Justice, des Liberté publiques et des Droits de l'Homme, la structure a à charge de faire la lumière sur toutes les exactions et autres violations des droits de l'homme perpétrées pendant la crise post-électorale. « Elle a pour mission de rechercher, de poursuivre et d'appréhender tous ceux qui ont commis des infractions dans le cadre de la crise post-électorale, notamment des crimes, des assassinats et de les soumettre à jugement », indique du reste le procureur Christophe Adou.
Selon lui, ce sont une quarantaine de dossiers qui sont aujourd'hui pendants devant la cellule spéciale d'enquête. Certains ont d'ailleurs abouti à des procès, au nombre desquels l'affaire de l'assassinat du colonel Dosso. « Le dossier a été entièrement monté au niveau de la cellule spéciale d'enquête. Mais comme les infractions étaient militaires, il a été jugé devant le tribunal militaire », explique le procureur. Un autre dossier bouclé par la même cellule spéciale d'enquête devrait passer, dans les jours à venir, devant la Cour d'assises. « Les formalités préalables devant la Cour d'assises sont en train d'être effectuées », souligne-t-il, non sans ajouter que d'autres dossiers sont déjà enrôlés, « qui attendent jugement » en correctionnel.
LE SORT RESERVE A SIMONE GBAGBO ET BLE GOUDE
Pour aboutir à certains résultats, la cellule spéciale d'enquête s'est également inspirée des conclusions des investigations menées par la Commission nationale d'enquête. « Les travaux de la Commission nationale d'enquête ont été utilisés, puisque le ministère de la Justice a été destinataire du rapport, lequel ministre de la Justice l'a transmis au procureur de la République afin qu'une enquête judiciaire soit également ouverte dans le cadre du rapport déposé par la Commission nationale d'enquête. Donc ce rapport a fait l'objet de l'ouverture d'une information judiciaire », assure le procureur.
Quand on sait que ledit rapport a épinglé des présumés perpétrateurs de crimes de tous bords, pro-Gbagbo et pro-Ouattara pourraient avoir des soucis à se faire. D'ailleurs, s'agissant des deux illustres pro-Gbagbo en détention, à savoir Simone Gbagbo et Blé Goudé, le procureur soutient qu'ils sont dans le viseur de la cellule spéciale d'enquête : « Mme Gbagbo est détenue dans le cadre de nos procédures, de même que M. Charles Blé Goudé qui a fait l'objet d'un mandat d'arrêt international, qui a été également exécuté. Nous avons commencé les procédures. Nous ferons tout pour les mener à terme ».
A la question de savoir si l'un et l'autre pourraient être transférés à la Cour pénale internationale( Cpi), le procureur estime que cela ne relève pas de son ressort. « Pour ce qui concerne les personnes à transférer devant la Cpi, cela relève de la souveraineté des Etats. Pour le moment, nous avons nos procédures et nous nous atellons à les mener à leur terme. Le procureur de la République que je suis, poursuit mais la décision de faire partir les personnes à la Cour pénale internationale dépend de l'exécutif », explique-t-il.
Pour Christophe Adou, les travaux de la cellule spéciale avancent à un bon rythme, contrairement à ce que peut croire l'opinion publique. « Le problème ivoirien n'est pas isolé, il y a des pays où les gens ont mis dix voire vingt années mais nous en Côte d'Ivoire, en l'espace de deux années, nous avons déjà soumis des dossiers en jugement ; il y a d'autres dossiers qui attendent d'être enrôlés. Je pense que c'est un travail déjà assez rapide. Évidemment, je comprends les attentes des populations ivoiriennes. Soyez rassurés, nous prenons toutes les dispositions pour que très rapidement, la procédure puisse aboutir », se défend-il.
A ceux qui proposent de faire taire la justice au nom de la réconciliation, voici ce qu'il répond : « Quand un préjudice a été causé à quelqu'un, la première des choses qu'une victime recherche, c'est d'abord la justice. Une fois qu'elle a été apaisée dans son cœur et que le bourreau a pu lui payer quelque chose pour réparer son préjudice, déjà il y a la réconciliation au niveau de la
Par
Assane Niada
Crise post-électorale: 40 dossiers pro-Gbagbo devant le tribunal - Photo à titre d'illustration